Le concept de savoir-être devient de plus en plus d’actualité. Je constate qu’il est utilisé de bien des façons. Cela peut faire en sorte d’en faire dévier la finalité ou même la pertinence. Le savoir-être est parfois interprété comme étant l’éthique, une valeur, l’aspect émotif des relations, les attitudes d’une personne, ses aptitudes ou encore ses comportements. C’est un peu tout cela, mais il faut mettre un peu d’autres informations dans tout cela pour bien en saisir le sens réel.

Tout d’abord, situons deux éléments fondamentaux en ce qui concerne ma posture. Lorsque je traite du savoir-être, je le considère, comme un didacticien en formation professionnelle, c’est-à-dire comme un objet d’apprentissage dans une formation professionnalisante. Deuxièmement, les savoir-être dont je traite sont des savoir-être professionnels. La prise en compte du savoir-être professionnel par un apprenant l’amènera à manifester les attitudes professionnelles nécessaires pour mener à bien les tâches associées à ses responsabilités professionnelles. Le savoir-être et l’attitude doivent être considérés comme un savoir qu’une personne doit apprendre pour qu’elle se transforme en connaissance pour cette dernière. 

Je considère qu’il y a deux catégories d’attitudes, les attitudes personnelles et les attitudes professionnelles. Dans mes travaux je ne considère pas les attitudes personnelles, car, en ce qui me concerne, elles appartiennent à un autre domaine que la didactique, si je désire les faire modifier. De plus, je ne suis pas en mesure d’avoir un référentiel contextuel univoque pour en faire un savoir-être. C’est pour cette raison que je traite de savoir-être professionnel, car je peux définir, de façon univoque, le contexte et les conditions ou ce savoir-être prend son sens, les effets des attitudes sur les tâches professionnelles à réaliser et le résultat attendu. 

Revenons à ce que l’on doit comprendre du concept de savoir-être. Le concept comporte deux mots, savoir et être. Le savoir peut se comprendre en le définissant, selon Legendre (2005), comme un ensemble de connaissances approfondies, acquises par un individu, grâce à l’étude et à l’expérience. Le « être » peut se comprendre également, selon le Larousse, comme étant une réalité, en quelque sorte une forme d’existence. Si nous assemblons le tout, le savoir-être consiste en un ensemble de connaissances qui permet à une attitude d’exister qui lui permet d’être perceptible et par conséquent d’être apprise.

Finalement une attitude c’est ce qu’une personne manifeste, dans sa situation personnelle. Par conséquent, elle est ce qu’elle est. Être et savoir-être sont différents, car même si on est, on ne sait pas nécessairement qui on est ou ce que nous considérons pour l’être. Si nous regardons ce qu’est un professionnel, d’un métier ou d’une profession, nous pouvons constater ce qu’il est et ce qu’il convient d’être en rapport avec le résultat attendu du travail que nous attendons de lui. Ce qui est nettement plus difficile à établir en ce qui a trait à ce qu’il faut être socialement dans notre vie personnelle.

La personne en formation doit être en mesure de constater la distance entre ce qu’elle est personnellement et ce qu’elle devra être professionnellement pour répondre à réalité de la situation de travail. Dans un contexte de formation, ce n’est pas le rôle d’un professeur ou d’un enseignant d’amener un apprenant à savoir qui il est, mais c’est son rôle de lui faire apprendre ce qu’il doit devenir. C’est cette réalité que nous devons considérer, en didactique professionnelle, c’est-à-dire de repérer les comportements professionnels nécessaires à la réussite du travail à réaliser pour caractériser l’attitude professionnelle à adopter et ainsi pouvoir la faire apprendre. Ce qui constitue le savoir-être c’est l’assemblage, dans une situation de travail, d’un événement professionnel, d’une tâche professionnelle à réaliser, des circonstances que cela provoque, du résultat attendu et des comportements à manifester dans une pratique de travail à adapter . Par conséquent, un savoir être n’est pas simple une attitude, c’est tout ce qu’il y a entre ce que je suis, ce que je dois être. Cela nous amène souvent à constater qu’une attitude personnelle est rarement adéquate en rapport avec une attitude professionnelle à manifester pour susciter le lien de confiance entre un professionnel et celui qui bénéficie de son travail. Le défi c’est de pouvoir provoquer ce changement.