Souvent, l’apprenant s’ennuie en classe, dans un état passif, dû au fait que ce milieu est souvent associé exclusivement à la transmission de connaissances par l’enseignant.

Souvent, l’apprenant oublie en atelier ce qui s’est dit en classe, dans un état d’agitation, dû au fait que ce milieu est souvent associé exclusivement à la pratique.

Souvent, l’apprenant s’adapte mal en entreprise, dans un état d’immersion, dû au fait que ce milieu est associé à la confrontation de ce qu’il est avec ce qu’il devra vivre professionnellement.

À quoi ressemblerait un milieu d’apprentissage qui rendrait l’apprenant actif, réflexif et avec une bonne capacité d’adaptation? C’est sur ces points que je désir réfléchir.

L’un des défis importants qui se présentent à l’enseignant et au formateur, en formation professionnelle, technique ou en milieu de travail, est d’élaborer un contexte de formation pertinent. Ce contexte devrait disposer, stimuler et motiver l’apprenant favorisant ainsi l’investissement de son énergie dans les efforts nécessaires à ses apprentissages.

La classe, l’atelier, le laboratoire, le poste de travail et la salle de conférence constituent généralement ce que l’on appelle des milieux de formation. Nous pensons que le concept d’environnement d’apprentissage est plus adéquat aux buts, intentions et attentes de l’approche pas compétences. Le milieu n’est qu’une partie de l’environnement et représente surtout l’espace de formation.

L’environnement d’apprentissage est un espace physique avec des ressources qui sont aménagées et agencées dans le but d’offrir les conditions les plus favorables à l’apprentissage.

L’environnement d’apprentissage considère non seulement ce qu’il faut apprendre pour développer sa compétence, les ressources nécessaires aux apprentissage, mais également, au coeur de l’environnement, celui qui doit les apprendre, l’apprenant.

Le concept d’environnement est un sujet d’actualité. Tout est mis en oeuvre pour sensibiliser la population à l’importance de tout faire pour en protéger l’équilibre et y maintenir la vie. Ce que nous constatons dans un environnement c’est l’interrelation et l’interdépendance des éléments qui la constituent ainsi que la fragilité de l’équilibre nécessaire permettant à la vie de se maintenir et de s’épanouir.

Au même titre, l’environnement d’apprentissage est constitué également d’un ensemble d’éléments interreliés et interdépendants qui doivent individuellement et collectivement favoriser le besoin ou le désir d’apprendre de l’apprenant. L’apprentissage est un processus complexe qui est influencé positivement ou négativement par les éléments qui auront été placés par l’enseignant dans le contexte d’apprentissage de l’apprenant.

Il est important que l’apprenant se sente comme un poisson dans l’eau, non seulement pour la persévérance dans sa formation et la réussite de ses apprentissages, mais  pour que ce dernier puisse développer sa compétence professionnelle.

J’ai observé, à maintes reprises, des milieux de formation stériles où l’on justifiait l’échec des apprentissages par le manque de motivation des apprenants plutôt que sur le manque d’effet des conditions dans lesquelles on les plaçait. Il ne s’agit pas ici de faire le procès de ce qui est bien ou mauvais, mais de se questionner et d’explorer des pistes sur les circonstances et les conditions que nous devrions offrir à l’apprenant pour qu’il puisse apprendre dans des conditions optimales.

Ma réflexion s’appuie sur une représentation de l’environnement allostérique de Giordan et Pellaud (2002) et je l’ai meublé de l’ensemble des ressources didactiques, matérielles, cognitives, technologiques et architecturales dont le but est de faire apprendre. Le défi que je propose est de réfléchir sur la transformation d’un contexte scolaire d’apprentissage à un environnement professionnel artificiel d’apprentissage favorisant le développement de la compétence professionnelle.

J’ai la chance de pouvoir collaborer avec un expert qui a beaucoup réfléchi sur ce concept d’environnement d’apprentissage. André Giordan, professeur à l’Université de Genève, m’a donné son accord pour collaborer avec mon équipe dans l’adaptation de ses recherches à la situation de la formation professionnelle au Québec.

Les écrits de Giordan m’ont conduit à formuler quatre questions auxquelles je tenterai de répondre, dans des articles ultérieures.

1. Qu’elles sont les obstacles à l’apprentissage que nous désirons résoudre?

2. Quelles sont les pratiques pédagogiques qu’il faudrait changer pour favoriser le développement de la compétence professionnelle?

3. Quels sont les éléments à considérer pour la mise en place d’un environnement d’apprentissage efficace?

4. Comment faire pour favoriser le changement provoqué par la mise en place d’un environnement?

Organiser une formation demande surtout de créer les conditions les plus favorables pour enclencher, chez l’apprenant, le processus d’apprentissage. C’est un moyen dont l’enseignant dispose pour créer de la vie «cognitive», la maintenir et la faire développer dans son milieu de formation.

Une stratégie de formation orientée vers le développement de la compétence professionnelle devrait favoriser une complicité entre l’apprenant et son environnement d’apprentissage.