Un blogue pour aider les enseignant.e.s en formation professionnelle

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J’ai délaissé mon blogue depuis quelque temps. Je tiens à vous rassurer, je vais reprendre mes activités plus régulièrement à partir du mois de juin. Je vais débuter ma retraite de l’université. Je pourrai ainsi avoir plus de temps pour communiquer avec vous.

Je prends ma retraite de l’université, mais pas de la formation professionnelle, qui est la cause de ma vie professionnelle. Je pense que je peux être encore utile, grâce au numérique. 

J’ai le souci d’aider les personnes enseignantes à relever les défis qui s’annoncent pour faire face à l’avenir. Il y a une nécessité de faire évoluer nos façons d’enseigner pour s’adapter aux différentes façons d’apprendre et élever le niveau d’intelligence professionnelle, et de compétence, de nos apprenant.e.s pour qu’ils et elles puissent s’épanouir dans un monde du travail et une société en pleine mutation.

Le plaisir d’enseigner pour susciter le plaisir d’apprendre, le développement des compétences de haut niveau, l’intégration des savoir-être dans l’enseignement et les apprentissages, le développement de « LA » compétence professionnelle, l’apprentissage collaboratif et les environnements d’apprentissage feront partie de mes prochains sujets.

Je vais également faire une refonte du blogue pour le rendre plus convivial et à jour. Un ménage s’impose pour faire de l’espace pour mes interventions à venir.

Au plaisir de vous retrouver bientôt,

Soyez attentif.

Henri Boudreault

L’enseignement

Un commentaire

Cette vidéo, sur l’enseignement, est inspirée du concept de « multiagenda de préoccupations enchâssées » de la chercheure Domique Bucheton et tiré de son livre « Les gestes professionnels dans la classe » aux éditions ESF.

La situation pédagogique

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La compétence professionnelle

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Explication de la compétence professionnelle

Valeurs, éthique, attitudes et savoir-être

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Des valeurs aux attitudes

Pour comprendre ce titre il faut traiter des concepts suivants : l’éthique, les valeurs, les principes, les attitudes, la conduite, l’identité professionnelle, les comportements et le savoir-être.
Mon raisonnement en lien avec le savoir-être s’appuie au départ sur l’activité professionnelle. Je distingue ce qu’une personne doit être dans sa vie de tous les jours et ce qu’elle doit être professionnellement. J’introduis toujours mes présentations en distinguant les attitudes personnelles et les attitudes professionnelles. Je m’occupe exclusivement des attitudes qui doivent être manifestées pour mener à bien les tâches professionnelles, dont une personne a la responsabilité. Comme didacticien en formation professionnelle, ce qui m’intéresse c’est l’objet de formation. Je constate que la grande majorité des tâches qu’une personne exerce, dans son métier, exige la manifestation d’attitudes pour qu’elle puisse répondre aux attentes.
Les attitudes sont la manière d’agir d’une personne en lien avec les circonstances dont elle doit faire face. Toute personne manifeste nécessairement des attitudes. Elles peuvent être adéquates ou inadéquates en rapport avec une situation ou une autre. Lorsqu’une personne se retrouve dans une formation professionnalisante, elle doit apprendre non seulement le savoir et le savoir-faire, mais également le savoir-être, pour être un professionnel qui inspire un lien de confiance entre elle et les bénéficiaires de son travail.
Je me préoccupe donc des attitudes professionnelles. Pour pouvoir faire apprendre ces attitudes, qui constituent le «  être professionnel », je dois déterminer le savoir de ce «  être » pour en établir le savoir-être. On peut « être » sans savoir-être, mais on ne peut apprendre à être sans savoir-être.
Mais de quoi est constitué le savoir sur le « être » pour en établir le savoir-être et ainsi faire en sorte que les apprenants puissent apprendre à manifester les attitudes professionnelles et ainsi réussir les tâches professionnelles dont ils auront la responsabilité.
C’est ici qu’entrent en jeu les concepts d’éthique, de valeurs et de principes. Voici le sens que je donne à ces concepts :
Éthique : Ensemble des règles pour avoir un comportement jugé professionnellement bon.
Valeur : Les qualités d’une profession qui suscite le respect et l’admiration.
Principes : Propositions qui déterminent les bases  d’une activité professionnelle.
Le point de départ pour établir les savoir-être professionnels est d’identifier les qualités nécessaires pour être un professionnel reconnu d’une profession. L’ensemble de ces qualités nous permet d’établir les valeurs sur lesquelles reposeront les règles éthiques qui seront établies et que l’on veut mettre de l’avant et les principes que nous en déduirons. Suite à l’observation des attitudes manifestées par des professionnels exemplaires, il est relativement facile de spécifier cette base.
Lorsque ces trois éléments de base sont établis, nous pouvons en arriver à déduire l’ensemble des comportements caractéristiques des activités professionnelles et ainsi déterminer la conduite à adopter dans telle ou telle circonstance. C’est l’ensemble des conduites qui spécifie l’identité professionnelle d’un professionnel. 
Lorsque, comme didacticien, je dispose des éléments de cette identité professionnelle, je suis en mesure de spécifier explicitement ce qu’est le savoir-être.
Les attitudes s’évaluent à partir des comportements que manifeste une personne. Il est nécessaire d’établir le savoir-être pour faire comprendre que certaines de ces attitudes sont inadéquates lors de la réalisation de tâches professionnelles. Le savoir-être permet de faire apprendre en quoi consistent les attitudes professionnelles adéquates à adopter selon les circonstances.
Le savoir génère la connaissance chez l’apprenant, le savoir-faire génère la capacité ou l’habileté pratique et le savoir-être génère les attitudes professionnelles.

L’apprendre

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Je discutais dernièrement avec un étudiant au doctorat. Il me soulignait la complexité des tâches de l’enseignant. Ces tâches devaient considérer les programmes, les élèves avec leurs caractéristiques et leurs états, les parents, les évaluations, les obligations administratives, les conditions actuelles avec la pandémie, l’utilisation des nouvelles technologies, les corrections, etc.

Je lui ai indiqué que les chasseurs d’oies sauvages ne tirent pas au hasard dans le ciel en espérant pouvoir en toucher une. Ils en choisissent une qui devient leur cible, vise et tire pour l’atteindre. Ce n’est pas parce qu’il y a plusieurs éléments qu’il faut les viser tous. Il faut se concentrer sur ce qui est essentiel. Dans le cas de l’enseignement, c’est la relation d’apprentissage.

Je lui ai spécifié qu’il ne m’avait pas indiqué l’élément le plus important que l’enseignant devrait réaliser et qui devrait être sa cible unique et ultime. Tous les autres éléments sont aux pourtours de cette cible. La tâche première d’un enseignant est de créer les conditions pour que l’apprenant apprenne. Ça semble évident, mais est-ce que c’est bien ce qui nous préoccupe en premier ? La volée d’oies nous empêche-t-elle de voir l’oie que l’on doit viser ? Tous les autres éléments doivent être considérés à partir de cet objectif. Mettre en place les conditions pour apprendre ne doit pas être un souhait, une intention ou un désir, mais bien un objectif qu’il faut atteindre.

Mais est-ce bien ce que nous faisons?

Question : Qu’est-ce qu’il faut que je fasse dans une situation COVID-19?
Réponse : C’est de faire en sorte de créer de nouvelles conditions pour que l’apprenant continue à apprendre.

Question : Qu’est-ce que je fais avec le numérique?
Réponse : Je m’en sers pour créer de nouvelles conditions pour apprendre

Question : Qu’est-ce que je fais comme activité à distance?
Réponse : Je conçois des activités pour que l’apprenant ait le goût de les réaliser et ainsi d’apprendre

Question : Qu’est-ce que je fais pour que les élèves soient présents sur Zoom?
Réponse : Je dois leur donner le goût d’apprendre et pour apprendre ils doivent être présents.

Question : Comment vais-je faire pour les évaluer à distance?
Réponse : Est-ce que j’ai créé les conditions pour qu’ils apprennent quelque chose qui doit être évalué?

Pour terminer, je désire simplement citer André Giordan, tiré de son livre « Apprendre » (1999).

« Apprendre consiste à s’apercevoir que ses savoirs sont peu ou pas adéquats pour traiter d’une situation. Il s’agit de dépasser ses conceptions primaires ou préalables, pour sauter d’une strate cognitive à une autre. La simple adjonction d’informations constitue une pratique insuffisante. Tout un processus d’élaboration doit se mettre en place. »

J’ajouterais une belle citation de Saint-Exupéry qui exprime bien ce qu’il faut faire pour faire apprendre :

« Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver chaque chose… Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le coeur de tes hommes et femmes le désir de la mer. »

Étapes V : Comment établir, à distance, la séquence des activités de l’apprenant?

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Organiser une séquence d’activités en présence est relativement facile, avec un peu d’expérience. Lorsqu’il y a des imprévues, nous pouvons improviser et adapter notre planification selon les circonstances.

L’apprentissage à distance laisse peu de place à l’improvisation. Elle doit être planifiée et organisée de façon beaucoup plus précise. Les marges de manoeuvre sont minces et la cohérence de l’approche est fragile.

De la même manière que lorsque j’organise des séances en présence, en plus de me préoccuper de ce qu’il faut faire apprendre, ma stratégie s’élabore autour du questionnement que peut avoir l’apprenant au regard des efforts qu’il devra investir dans la formation, pour apprendre.

Comme je l’ai déjà indiqué, une formation n’est pas faite pour celui qui la donne, mais pour celui qui la suit.

Pour concevoir la séquence des activités de l’apprenant, et ainsi élaborer ma stratégie, j’ai retenu cinq questions que l’apprenant est en droit de se poser spontanément :

  1. Qu’est-ce qu’il faut que je fasse?
  2. Qu’est-ce que cela donne de faire ce travail?
  3. Comment devrais-je m’y prendre pour faire le travail?
  4. Qu’est-ce qu’il faut que j’apprenne pour pouvoir le faire?
  5. Comment vais-je savoir si mon travail est conforme?

Processus

Sur la base de ces questions, j’ai élaboré le déroulement, pour l’apprenant, des séances synchrones, du travail asynchrone ainsi que son travail personnel. J’ai voulu garder l’obligation d’être présent lors des séances et également organiser le travail personnel de l’apprenant à distance.

Le déroulement présente la progression du dispositif de formation pour l’apprenant en se basant sur les actions cognitives que j’ai visées pour l’amener de la compréhension de l’objectif de la séance à sa mise en oeuvre et au dépôt du livrable de son travail.

Le processus se fera en neuf étapes :

  1. Faire le lien entre l’objectif et la pratique didactique en enseignement;
  2. S’informer du travail à faire;
  3. S’approprier le savoir lié à l’objectif;
  4. Valider son appropriation du savoir;
  5. Poser les questions pour comprendre le travail à faire;
  6. Confronter sa compréhension;
  7. Réaliser le travail à faire;
  8. Valider la conformité de son travail;
  9. Remettre son travail.

Le défi est de faire le pont entre les objectifs à atteindre des séances en lien avec la compétence à développer, les conditions pour faire apprendre, l’action cognitive visée, les ressources dont nous disposons, la motivation de l’apprenant, l’action que je peux faire comme professeur et finalement l’organisation dans le temps de tous ces éléments.

L’aboutissement de toute cette organisation est d’en arrivé au déroulement de chacune des séances du cours lui-même.  Mon cours de didactique est d’une durée de 45 heures à raison de 15 séances de trois heures. Il est prévu que pour chacune des séances de trois heures l’apprenant devrait consacrer cinq heures de travail personnel. Mon schéma traitant du déroulement d’une thématique présente la valeur, en pourcentage, du temps qui devrait être consacré à chacun des moments du déroulement d’une thématique incluant le temps synchrone, asynchrone et le travail personnel estimé pour l’apprenant.

L’organisation des sécantes de chacune des thématiques comporte huit moments:

  1. La présentation de la thématique, de la quête et du mode de fonctionnement; (synchrone)
  2. La présentation des liens entre thématique et la pratique didactique en enseignement; (synchrone)
  3. L’exploration de la thématique par l’apprenant; (synchrone)
  4. La validation de l’interprétation de la thématique par l’apprenant; (synchrone)
  5. Le questionnement de l’apprenant sur la thématique; (synchrone)
  6. La discussion entre les apprenants et le professeur sur la thématique; (synchrone)
  7. La présentation du travail à réaliser; (asynchrone)
  8. Réalisation du travail et soutien à l’apprenant. (asynchrone)

 

Chacune des étapes de ce déroulement va demander l’utilisation de ressources et d’outils numériques pertinents aux intentions et au but de ma stratégie. Ce sera le volet six de ma présentation: Des ressources didactiques et numériques pour débuter la formation.

 

Étape IV : Identifier les ressources utiles aux apprentissages

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Au lieu d’aborder l’apprentissage à distance par la lunette technologique, je l’aborde par la lunette du pédagogue et du didacticien. Ma logique est de partir de ce que je désire faire réaliser, cognitivement, à mes apprenants et ensuite je vais y associer les ressources pour susciter l’action désirée. Les ressources que je propose sont des ressources organisationnelles. Elles ont pour fonction la mise en place des conditions d’apprentissage pour susciter le besoin ou le désir d’apprendre des apprenants. Elles se distinguent des ressources didactiques, même si on y retrouve certaines de ces ressources, qui s’adressent à l’apprenant pour l’aider à comprendre l’objet de formation.

Proposition de ressources organisationnelles pour la formation à distance:

  1. Les forums synchrones pour créer un moment :
    Être en contact en temps réel avec ses apprenants me semble essentiel dans un processus d’accompagnement. Se retrouver avec tout le groupe pour échanger sur des questions qu’ils se posent et confronter leurs conceptions. Chose qui serait ingérable dans une vidéoprésentation synchrone. La feuille de route ainsi que la fiche de travail prennent ici toutes leurs sens. C’est à partir des travaux qu’ils auront à réaliser et de l’échéancier à respecter que la nécessité de communiquer s’impose. Chacune des séances inclura un forum synchrone.
  2. Les forums asynchrones pour accompagner ;
    En dehors des heures à consacrer aux séances, les apprenants auront à réaliser les tâches de leur itinéraire. La partie du processus d’apprentissage et de l’approche par compétences touchant l’application et le transfert, se dérouleront en dehors des séances. Les forums asynchrones permettent aux apprenants d’avoir accès, en tout temps, à leurs collègues et au professeur pour l’aider dans la réalisation de ses tâches. Ce support est essentiel pour assurer un soutien constant.
  3. Vidéoconférence, clavardage et courriel pour rassurer:
    En plus de l’accompagnement collectif associé aux forums, il ne faut pas oublier les liens personnalisés pour répondre aux besoins de soutien individuel. Ce soutien pourra se faire sur rendez-vous à partir d’une problématique à analyser.
  4. Jeu-questionnaire pour estimer l’engagement:
    Les connaissances nécessaires à comprendre pour pouvoir réaliser les tâches de la feuille de route seront présentées sous différents formats, capsules conceptuelles, textes, applications interactives. Le jeu-questionnaire est pour s’assurer que la consultation de ces ressources a été faite avant de répondre aux questionnements des apprenants. Selon mon expérience de la formation hybride, plusieurs apprenants essaient de passer outre au scénario mis en place. Plutôt que de consulter les ressources ils posent directement les questions pour éviter de faire l’effort d’explorer et d’analyser l’information.
  5. Fiche de présentation pour spécifier la pertinence de cette thématique:
    À chaque début de thématique, l’apprenant aura accès à ce document qui présente en gros la quête à réaliser, le travail à faire, les savoirs à apprendre ainsi que l’utilité avec la profession enseignante.
  6. Le guide thématique pour donner confiance:
    Le guide thématique comporte les liens avec toutes les présentations des savoirs nécessaires au développement de la compétence en didactique des apprenants. Il comporte des éléments interactifs pour le faire participer et faciliter sa compréhension.
  7. Le scénario de la formation pour construire les liens:
    Le scénario présente le déroulement des activités de la séance selon la stratégie pédagogique élaborée. Il comporte le déroulement des activités prévues pour la thématique avec les ressources, les moments et les durées estimées.
  8. Les quêtes pour donner l’impulsion de départ :
    Apprendre consiste à chercher. C’est pour cette raison que la quête est conçue. Elle met en action la thématique dans le sens de la compétence à développer chez l’apprenant sous forme d’une intrigue ou d’un défi.
  9. Les capsules conceptuelles pour donner accès aux informations :
    Elles présentent les connaissances nécessaires pour comprendre les tâches à réaliser de la feuille de route. La caractéristique des capsules c’est qu’elles présentent, une vidéo d’un maximum de 5 à 7 minutes, la représentation et les explications d’un concept. Une capsule, un concept. Les liens entre les capsules et la thématique se trouvent dans la fiche de présentation.
  10. La feuille de route pour motiver :
    La feuille de route présente la séquence des tâches à réaliser en lien avec les parties de la formation. Elle permet à l’apprenant d’anticiper le travail à réaliser et de planifier son travail en conséquence. Le fait d’avoir une perspective du travail à réaliser favorise la compréhension de la logique de la formation et de ses résultats. Cette prise de conscience du déroulement des travaux devrait avoir pour effet de stimuler la motivation de l’apprenant et son engagement.
  11. La fiche de travail pour encadrer le travail à faire :
    La fiche de travail décrit les composantes du travail à réaliser pour chacune des thématiques. On y retrouve l’objectif de la tâche, son contexte, les consignes et directives, le livrable demandé, le moment du dépôt du livrable, les enjeux et les indicateurs de conformité.

Les étapes précédentes on établies les éléments de la didactique à faire développer, les tâches à faire réaliser pour développer la compétence en didactique, les conditions qu’il faudra mettre en place pour faire apprendre et les ressources nécessaires à y associer. La prochaine étape est de concevoir la stratégie didactique qui permettra de scénariser le processus cognitif en tenant compte de la modalité à distance.

Prochaine étape : Comment établir, à distance, la séquence des activités de l’apprenant?

Étape III: Comment créer les conditions d’apprentissage, à distance, pour susciter le besoin ou le désir d’apprendre?

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Comme l’indique Chevallard,« L’enseignant (professeur) n’a pas pour mission d’obtenir des élèves qu’ils apprennent, mais bien de faire en sorte qu’ils puissent apprendre. Il a pour tâche, non la prise en charge de l’apprentissage – ce qui demeure hors de son pouvoir – mais la prise en charge de la création des conditions de possibilité de l’apprentissage. » (Chevallard, 1986)

Ces conditions sont déjà difficiles à mettre en place en présence, le défi est d’autant plus grand à distance. Mais il doit être relevé. Je suis déçu de constater la confusion qui règne, en ces temps de la Covid-19, à ce qui a trait au concept de formation à distance et de formation en ligne. Mon humble interprétation est que le premier est une modalité et la deuxième un instrument. Malheureusement, pour plusieurs, la formation en ligne par vidéoconférence est la modalité de formation à distance.

On prend le moyen comme modalité et même comme méthode. Parfois, c’est ni mieux, ni pire que ce qui existait en formation en présence.

Comme je l’ai indiqué lors d’un article précédent, je me préoccupe surtout de l’apprentissage à distance et ensuite je devrai adapter les ressources didactiques et technologiques en conséquence.

Je me suis inspiré d’une représentation que j’ai adapté des travaux d’André Giordan sur son environnement allostérique. J’ai tenté de faire les liens entre l’action que je désire faire réaliser à l’apprenant et les intentions des conditions que je désire mettre en place. Ma prémisse de départ est que pour apprendre il faut que je place l’apprenant en action. C’est l’action qui peut provoquer chez l’apprenant son désir ou son besoin d’investir les efforts nécessaires pour mener à bien le processus d’apprentissage.

J’ai voulu faire concorder l’action, que je vise faire réaliser, avec les ressources technologiques et didactiques, que je désire utiliser pour mettre en oeuvre les intentions des conditions que je désire mettre en place dans la situation de formation à distance pour susciter l’apprentissage. Lorsque l’on se réfère à la situation pédagogique de Legendre (1983), c’est le milieu qui n’existe plus. Le milieu se transforme en conditions de la formation à distance. Le défi est de provoquer la relation d’apprentissage, comme dans une formation en présence, en agissant sur la relation didactique et la relation d’enseignement sans pouvoir aménager un milieu en conséquence.

La tentation est grande, dans cette obligation d’adaptation de nos pratiques enseignantes, de faire resurgir la pédagogie de la transmission au détriment de celle de l’appropriation. Il faut également considérer que dans une approche par compétence, il faut permettre le développement des compétences professionnelles de ceux que l’on forme et surtout de ne pas rêver que l’acquisition de connaissances sera suffisante au développement de cette compétence. Nous sommes confrontés à la prise en compte des mêmes étapes, c’est-à-dire l’exploration, l’apprentissage, l’application et le transfert des savoirs.

Pour ce faire, dans mon expérimentation, j’ai choisi onze actions à faire réaliser : Partager, échanger, analyser, connaître, s’engager, anticiper, chercher, comprendre, adhérer, construire et interagir.

À ces onze actions, j’ai associé onze ressources : Les forums synchrone et asynchrone, le jeu-questionnaire, la fiche de présentation, les guides thématiques, le scénario de formation, les quêtes, les capsules conceptuelles, la feuille de route et les fiches de travail.

J’imagine que vous pouvez comprendre les actions, mais certaines de mes ressources vous laissent perplexes.

Ce sera l’objet de la prochaine présentation : Quelles ressources pour favoriser, à distance, la relation d’enseignement et la relation didactique ?

 

 

Étape II : Comment présenter et représenter les tâches à faire réaliser?

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L’apprentissage à distance, lorsque nos programmes ont comme but le développement de la compétence professionnelle des apprenants, doit nous amener à concevoir la formation en nous basant sur ce qu’il faut faire et ensuite sur ce qu’il faut faire apprendre pour pouvoir le faire.

Mon cours en didactique était déjà fait dans une modalité hybride. C’est-à-dire, sur quinze séances, neuf étaient en présence et six à distance. Mes séances en présence avaient pour but d’explorer ce qu’il fallait apprendre pour réaliser les douze tâches en didactique que j’avais choisi de faire réaliser. Ces tâches se regroupaient sous trois thématiques qui me permettaient de couvrir le concept de didactique en formation professionnelle et technique.

Lorsque je donnais mes cours uniquement en présence, les apprenants réalisaient neuf tâches. Les avantages que j’avais notés de la modalité hybride étaient que mes étudiants travaillaient plus et mieux avec moins de séances en présence. La qualité des travaux réalisés était nettement meilleure que dans mes dix ans de cours en présence. De plus, lors des séances en présence, j’ai constaté une plus grande assiduité, ponctualité et persévérance de la part des étudiants. En résumé, l’organisation de mes cours, dans la modalité hybride que j’avais conçue, faisait en sorte que mes étudiants apprenaient de nouvelles choses, en plus grande quantité, en plus grande qualité et dans le même temps.

Fort de cette expérience, j’ai décidé d’en ajouter pour ma formation totalement à distance. Je vais concevoir l’organisation de mes séances à distance sur la base des tâches en didactique que mes étudiants doivent réaliser pour manifester leur compétence en didactique professionnelle.

L’essence même de la manifestation d’une compétence tient au fait qu’une personne est en mesure de réaliser et d’adapter ses tâches professionnelles dans les divers contextes de travail de sa situation de travail. J’ai choisi vingt tâches qu’un enseignant doit réaliser du moment où il reçoit un mandat de formation à celui où il dispense cette formation.

J’ai regroupé en trois phases et en cinq étapes les vingt tâches que j’ai choisies. L’outil didactique que j’ai conçu consiste en une feuille de route qui présente à l’apprenant le chemin qu’il devra parcourir pour atteindre les objectifs du cours. Les éléments à considérer par l’apprenant, pour chacune des tâches, dont il devra tenir compte, se retrouvent dans un autre outil didactique que je nomme la fiche de travail. Cet outil lui indique en quoi consiste le travail à faire, les consignes, la réalisation attendue et les indicateurs de réussite. Le troisième outil est surtout important par sa forme que par son contenu. Il propose un modèle opératoire à l’apprenant qui lui indique comment faire le travail.

L’aide à la tâche montre à l’apprenant un exemple de la façon de se représenter la façon de réaliser un travail. Ce type d’outil, en dehors de la pratique proposée, a pour fonction de fournir, aux futurs enseignants, une façon de se représenter une pratique de travail. Avec le temps, il devra être en mesure, par lui-même, d’utiliser cette façon de représenter les pratiques de travail et par la suite de former ses propres apprenants à cette méthode. Elle favorise la construction, par son concepteur, de schèmes opératoires qui favorisent la compréhension du travail.

Maintenant que nous avons une idée du travail à faire réaliser, il faut concevoir le déroulement du passage entre le travail à faire et l’apprentissage des savoirs nécessaires pour leurs réalisations. Tout cela à distance.

Ce sera l’objet de la prochaine présentation : Comment créer les conditions d’apprentissage, à distance, pour susciter le besoin ou le désir d’apprendre?

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