Enseigner n’est pas une tâche simple. Il ne suffit pas de connaître quelque chose pour être en mesure de l’enseigner ou encore, d’être habile à réaliser des activités professionnelles pour parvenir à rendre les autres habiles ou compétents.
Enseigner, c’est beaucoup plus que transmettre de l’information ; c’est faire en sorte qu’une personne puisse apprendre des savoirs qu’elle pourra utiliser dans le sens déterminé par un programme.
Le rôle du formateur, lorsqu’il fait apprendre, est de favoriser le passage des savoirs en connaissances utiles pour l’apprenant. Ces savoirs sont souvent écrits dans des livres ou issus de son expérience, mais inconnus du participant à la formation. À cette fin, il devra transformer ou transposer ses savoirs en informations que l’apprenant pourra percevoir, comprendre et utiliser dans des situations de travail pour réaliser des tâches professionnelles.
Cette démarche pour favoriser la perception et la compréhension de l’apprenant constitue le défi principal et constant de tout formateur. Elle n’est jamais pareille d’une formation à l’autre. En effet, d’une fois à l’autre, ce sont de nouveaux apprenants avec leurs bagages de connaissances, leurs motivations et leurs intérêts particuliers . En même temps, la profession et ses contextes peuvent aussi changer. Cette démarche est nommée planification de l’enseignement ou planification d’un scénario d’enseignement/apprentissages.
Une stratégie d’enseignement basée sur la transmission des informations, comme mandat principal du formateur, est devenue obsolète dans une société du savoir dans laquelle l’apprenant ne doit plus seulement réussir ce qu’il fait, mais également comprendre ce qu’il fait. Si un cours n’est pas fait pour celui qui enseigne, mais pour celui qui apprend, que faut-il considérer chez l’apprenant pour organiser une stratégie didactique qui permettra de tenir compte de ses caractéristiques pour qu’il désire s’approprier l’information ?
Généralement, il faut considérer quatre éléments chez l’apprenant lorsque vous concevez une formation : les connaissances antérieures, la capacité à mobiliser ses connaissances, l’adhésion à la formation (ne pas confondre avec son adhérence) et le style d’apprentissage. Une formation doit nécessairement provoquer un changement chez l’apprenant. Ce dernier, à la fin de la formation, n’est plus ce qu’il était au début.
Lorsque l’on désire considérer l’apprenant au coeur de ses apprentissages, il faut le considérer à partir de repères tangibles dont on tiendra compte dans la planification de la stratégie didactique et de l’environnement d’apprentissage.
Les connaissances antérieures de l’apprenant constituent le premier élément à considérer. La possibilité de percevoir et de comprendre pour apprendre repose sur le fait que les informations communiquées par le formateur soient accessibles à l’apprenant. C’est un défi important pour le formateur de pouvoir être en mesure de situer la zone proximale (Vygotski) de développement de l’apprenant.
La zone proximale de développement, c’est la distance entre le niveau de développement actuel tel qu’on peut le déterminer à travers la façon dont l’apprenant résout des problèmes seul et le niveau de développement potentiel tel qu’on peut le déterminer à travers la façon dont l’apprenant résout des problèmes lorsqu’il est assisté par le formateur ou lorsqu’il collabore avec d’autres apprenants plus avancés.
Il est important pour le formateur de pouvoir déterminer la distance probable de compréhension pouvant exister entre lui et ses apprenants. Cette distance devra être comblée par les ressources et les stratégies que celui-ci mettra en place dans l’environnement d’apprentissage pour remédier à ces écarts.
Nous pouvons établir quatre catégories de distances de compréhension. La première distance est celle de la concomitance, c’est-à-dire l’absence d’écart. Les apprenants de cette catégorie sont rares, ils ne sont pas présents dans tous les groupes et ils sont sur la même longueur d’onde que le formateur. La seconde distance est celle qu’on appelle adjacente. Les apprenants de cette catégorie sont présents dans tous les groupes, mais généralement en faible nombre. La distance qu’ils ont avec le formateur est faible et l’écart est généralement comblé facilement par des échanges avec le formateur ou avec ses pairs. La troisième distance est la relative. Cette distance rejoint le plus grand nombre d’apprenants. Elle est relative, car l’écart sera comblé en fonction de la pertinence des stratégies, des ressources didactiques et de l’environnement didactique que le formateur mettra en place. Finalement, la distance lacunaire. Cette dernière est présente lorsque des apprenants ne disposent pas des préalables fonctionnels nécessaires à la formation. Il faudra alors mettre en place des moyens pour atténuer ou pour remédier à cet écart et ainsi aider ces apprenants à se développer et à apprendre.
Nous avons parlé précédemment de préalables fonctionnels, cela va de pair, dans un premier temps, avec les connaissances fonctionnelles. L’apprenant peut disposer de connaissances sans nécessairement savoir comment s’en servir dans un contexte particulier. Nous avons souvent affaire à cette situation lorsque nous exigeons un certain niveau de scolarité plutôt que des connaissances spécifiques. Nous constatons alors que les connaissances ont été mémorisées plutôt qu’apprises.
L’adhésion à la formation constitue un élément clé dont le formateur doit tenir compte. Ce n’est pas parce qu’une personne se trouve dans une formation qu’elle y adhère nécessairement. Par conséquent, le formateur doit prendre en considération cet élément dans la stratégie et les ressources qu’il mettra en place.
Mai 30, 2017 @ 06:57:41
Exposé très intellectuel mais pertinent qui passe sous silence plusieurs points :
1/ Les apprenants seront beaucoup plus motivés à faire l’effort d’apprendre si le formateur se montre convaincu lui-même de ses propos et de la pertinence de l’apport de connaissance pour les apprenants. Cela sous-entend quelque chose de très simple qui est souvent oublier : le sourire.
2/ Il faut s’attendre à ce que les apprenants perdent tous à un moment ou un autre, leurs repères. Car la montée en compétence passe par la déconstruction de l’acquis pour y intégrer la ou les nouveautés.
3/ L’attention n’est pas soutenu plus de 20 minutes. Passé ce délai (moyen), l’esprit s’échappe.
Si le formateur tient compte de ses trois points supplémentaires, alors il aura la possibilité de toucher son auditoire…
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Oct 28, 2013 @ 18:22:48
Ceci dépend de pas mal de critères, à savoir la capacité de l’apprenant à absorber une telle informations produite par l’expérience des adultes, c’est un risque qu’il faut bien savoir manager.
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Jan 18, 2013 @ 17:41:49
Il est sûrement un paramètre de taille dont nous sommes tous ignorants……il s’agit du cerveau de chaque individu. Beaucoup de beau esprit vous diront que nous avons fait des avancées dans le domaine de la neuroscience. En étant honnête nous pourrions qualifier ces recherches de « bricolage »….sans vouloir blesser personne. Et nous savons que nous ne savons à vrai dire, rien, ou très peu pour être optimiste.
Cette remarque ne retire en rien la pertinence de votre exposé…..
Merci pour vos écrits réguliers qui suscitent en nous l’envie de progresser.
En attendant de pouvoir percer le secret du cerveau (comme celui de l’âme) continuons à améliorer nos pratiques.
respectueusement, votre disciple.
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Jan 17, 2013 @ 20:52:20
C’est bien dit et bien écrit. J’appelle ça respect des « objectifs pédagogiques ». Si on comprendre ce que ça veut dire !
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