Lors de la réalisation de ses tâches un enseignant doit tenir compte des déterminants, organiser son enseignement en conséquence en considérant la dynamique de la situation d'enseignement.

Lors de la réalisation de ses tâches un enseignant doit tenir compte des déterminants, organiser son enseignement en conséquence en considérant la dynamique de la situation d’enseignement.

Dans le contexte de pénurie d’enseignants, que l’on vit au Québec, il est important de bien comprendre qu’enseigner est une profession complexe qui exige des connaissances, des pratiques et des comportements qui doivent constamment s’adapter selon l’objet à faire apprendre et selon les apprenants qui doivent l’apprendre.

À plus forte raison lorsque l’on considère les impacts qu’ont et qu’auront le numérique, l’intelligence artificielle et l’environnement sur la vie des citoyens et leurs activités professionnelles. Il est important qu’il y ait des professionnelles et des professionnels compétentes et compétents pour accompagner les apprenants dans nos écoles et nos centres de formation, peu importe l’ordre d’enseignement où elles et ils se trouvent.

À cause du phénomène de pénurie, il est possible de retrouver dans nos classes des enseignantes et des enseignants qui ne sont pas légalement qualifiés pour exercer cette profession. On peut être en accord ou non avec cette situation, mais le fait est que la réalité nous rattrape. Après de nombreuses années où la profession enseignante a fait l’objet d’une dévalorisation, il ne faut pas se surprendre qu’en plus de la situation démographique du Québec, où il manque de travailleuses et des travailleurs dans la grande majorité des professions, le désintérêt de plusieurs à accéder à cette profession n’a fait qu’amplifier le phénomène.

Ce manque de vision a fait en sorte que maintenant il faut faire face à une situation où il faut offrir des formations aux enseignants pour qu’ils puissent développer les compétences de niveaux complexes de cette profession en même temps qu’ils doivent l’exercer. Vous me direz que c’est une situation invraisemblable. Effectivement, apprendre à enseigner en enseignant n’est pas la condition idéale. J’ai toujours affirmé qu’un milieu de travail n’est pas un milieu de formation, quoi qu’en disent plusieurs. Est-ce que l’on tolérerait cela dans les professions de médecins ou d’ingénieurs ? Ce serait inimaginable. Mais pourquoi cela est-il le cas en enseignement?

Il faut faire en sorte, à cause d’un manque de vision, et par conséquent une absence de prévision, de faire face à une réalité qui est dramatique, tout autant pour ces futurs enseignantes et enseignants que pour ceux qui doivent bénéficier de leurs services. Ici, il ne faut surtout pas faire la langue de bois et affirmer que la qualité de l’enseignement sera maintenue. Ce serait un manque de respect évident pour ceux qui sont qualifiés à exercer cette profession.

Cela fait longtemps que l’on indique que la profession enseignante est complexe, qu’elle exige un grand professionnalisme et une grande disponibilité, de celles et ceux qui exercent cette profession, pour être en mesure de relever les défis qu’elle ne manque pas de provoquer. Dans ce contexte, comment peut-on imaginer qu’en plus, d’exercer une profession qui demande tout le temps et l’énergie de la personne qui l’exerce, on demanderait à ces mêmes personnes de réaliser la formation pour se qualifier à la profession en même temps qu’ils l’exercent ? Comment pourront-elles et ils faire cela sans que l’on mette en place des conditions qui leur permettraient de se former durant leur temps d’enseignement au lieu d’exiger qu’ils se forment en dehors des temps de présences en classe ?

Il y a la magie de la formation à distance. Tout va être réglé avec le numérique et la formation à distance. Apprendre à enseigner à distance pour apprendre une profession qui demande toute sa présence. Faire apprendre est une profession basée sur le relationnel. Les données probantes l’indiquent, l’effet enseignant est l’élément qui a le plus d’incidences sur les apprentissages des apprenants. Cela devrait être vrai également pour ceux qui apprennent enseigner. Il faudrait peut-être faire ce que l’on dit.

Valoriser la profession enseignante c’est premièrement respecter ceux à qui on demande de l’exercer. Le respect consiste à donner de la valeur aux personnes et à leurs idées. Généralement, on protège ce qui a de la valeur. On place ce qui a de la valeur dans des endroits privilégiés. On crée des conditions pour les mettre en évidence pour qu’ainsi nous puissions les admirer. Il faudrait peut-être faire la même chose avec les enseignantes et les enseignants.

Créons les conditions qui reflètent la valeur qu’ils représentent pour nous. Ce n’est pas qu’une question de rémunération, mais plutôt de conditions de travail et de conditions pour apprendre le travail que l’on demande de faire selon le niveau de compétence nécessaire pour développer les compétences de nos enfants, de nos adolescents et des adultes.

À oui! j’oubliais une petite chose pas très importante pour plusieurs. Présentement, on trouve bien important de créer les conditions gagnantes pour former nos enseignantes et nos enseignants dans le cadre de la situation exceptionnelle de la pénurie d’enseignants en formation générale. En formation professionnelle cela fait depuis 1960 que les enseignants de la formation professionnelle vivent cette situation sans que cela scandalise personne.

Apprendre à enseigner pendant que l’on enseigne, suivre ses études pour se qualifier pendant près de dix ans à temps partiel, concilier le travail, la famille, les études et maintenir ses compétences disciplinaires. Tout cela c’est le quotidien des enseignantes et enseignants en formation professionnelle.

Mais pour plusieurs, c’est juste des enseignantes et des enseignants en formation professionnelle!

Respect, s’il vous plait, pour TOUS les enseignantes et enseignants, de la formation générale, de la formation professionnelle et de l’éducation des adultes.