Il y a une phrase de Guy Leboterf qui exprime bien la complexité de faire développer une compétence professionnelle chez une personne «  On ne peut dissocier la compétence de la personne ». Cela fait en sorte que l’on ne peut dissocier «  avoir des compétences »  de «  être compétent » . J’ajouterais qu’en formation professionnelle « on ne peut dissocier la compétence de la personne et de sa situation de travail ».

Si l’on est en accord avec ma dernière affirmation, cela nous amène à comprendre qu’apprendre une profession c’est plus que d’acquérir des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être. Il va de soi qu’à la base les connaissances, les actions et les comportements qui les caractérisent sont intimement associés aux savoirs, mais pas uniquement. À mon avis si l’on base les apprentissages que sur les savoirs on passe à côté de la compétence professionnelle. 

L’apprendre c’est comme en cuisine, la recette ne se limite pas qu’aux ingrédients,  mais également à la préparation. En apprentissage tout n’est pas qu’une question de transmission et d’acquisition. Ce qui équivaut à la préparation d’une recette, pour apprendre, tout est une question de conditions et de situations. Ces conditions et ces situations doivent respecter la nature des savoirs ainsi que la diversité des apprenant.e.s.

On doit penser l’enseignement des savoirs en formation professionnelle au-delà de la théorie et de la pratique. L’enseignement des pratiques, en faisant réaliser des tâches, est insuffisant pour développer la compétence professionnelle d’un individu. Pour placer en perspective ce qu’est une compétence professionnelle, voici une définition que nous propose Le Boterf et qui me convient très bien : 

« La » compétence professionnelle d’un individu réside dans son savoir combinatoire, son aptitude à combiner et à mobiliser des ressources et « les compétences » qu’il produit avec ce savoir combinatoire. La personne compétente est celle qui sait construire des compétences pertinentes pour gérer des situations professionnelles complexes (Le Boterf, 1998).

Le Boterf associe « La » compétence professionnelle à la gestion de situations professionnelles. Cela va dans le sens que je veux donner aux conditions à mettre en place pour permettre à l’apprendre de se manifester. J’en viens même à penser que le savoir doit servir de prétexte à l’apprentissage, mais ils ne constituent plus ce qui est le plus important à apprendre.

Apprendre une profession c’est apprendre à gérer des situations de travail. Ce n’est pas un accident si pour réaliser un programme de formation il faut au départ une analyse de situation de travail. Un programme seul pourrait effectivement limiter l’apprentissage qu’aux savoirs. Malheureusement, c’est ce qui se fait malgré des programmes par compétences.

Les savoirs sont au service de la situation de travail à gérer. Par conséquent pour que l’apprenant désire investir les efforts nécessaires pour apprendre, il doit trouver sa motivation dans la quête que lui propose une situation professionnelle à gérer. Il faut que les conditions pour apprendre que je mettrai en place soient associées aux éléments de la situation de travail pour que l’apprenant puisse comprendre le sens des apprentissages à réaliser et s’y engager.

La réponse à ma question de départ est que la façon d’apprendre une profession c’est de faire en sorte que l’apprenant construise sa compétence autour de situations de travail à gérer plutôt qu’à partir de savoir à acquérir. Le savoir viendra dans un deuxième temps. J’y reviendrai dans une prochaine chronique. 

Pour vous mette l’eau à la bouche, je vous propose un autre schéma, c’est mon dada, qui vous offre une représentation des composantes d’une situation de travail. Je vous en reparlerai plus en détail dans ma prochaine chronique.