Les deux termes semblent vouloir signifier la même chose, mais il y a une différence importante.

Anciennement, on écoutait le maître qui nous transmettait ses savoirs. On peut comprendre qu’à une époque où les livres étaient rares, que le papier et les crayons étaient inexistants, pour le commun des mortels, que la transmission d’un savoir et sa mémorisation étaient au cœur de l’enseignement.

Aujourd’hui, avec le numérique, internet et les ChatJPT de ce monde, ah oui, maintenant le papier et les crayons sont accessibles à tous, ce modèle de transmission me semble un peu obsolète. J’utilise ici le terme apprentissage dans le sens d’un savoir à apprendre. Comme enseignant, on fait réaliser des apprentissages, on évalue des apprentissages et l’on organise des apprentissages pour faire acquérir des connaissances ou espérer développer des compétences.

André Giordan était un précurseur de « l’apprendre » comme terme à utiliser et posture à adopter dans l’enseignement. Si l’apprentissage est lié à un savoir, l’apprendre est lié à la personne qui apprend, l’apprenant. Comme il l’indique dans son livre  « Apprendre! », vouloir savoir ne signifie pas avoir envie d’apprendre.

Au XXIe siècle, pour permettre à nos apprenants de faire face à l’avenir, ne vaut-il pas mieux qu’ils apprennent à apprendre plutôt que de simplement acquérir un savoir qui sera obsolète dans peu de temps ou encore dont le volume d’informations est impossible à gérer et que de toute façon l’IA va s’en occuper? Que devons-nous faire?

Cela fait un bon bout de temps que j’entends ce mantra, qu’il faut apprendre à apprendre, mais au-delà de la formule, comment on fait ça en formation professionnelle ? Comment aller au-delà des savoirs ? Comment rendre le savoir au service de l’apprendre et non comme la finalité de l’apprentissage. L’apprentissage est orienté vers le résultat de l’enseignement. L’apprendre est orienté vers l’apprenant et son processus cognitif.

Je vous propose une série de chroniques sur cette réflexion et des outils pour aborder l’enseignement en formation professionnelle d’une autre façon pour être en mesure de faire face à l’avenir. L’apprendre est plus compliqué, mais porteur d’avenir. 

Je vous propose un schéma, vous me connaissez, sans représentation il ne peut y avoir de compréhension. Ce schéma présente les assises de ce qu’il faut considérer, non pas dans nos enseignements, mais dans les conditions qu’il faut mettre en place dans un environnement favorable pour que l’apprendre apparaisse.

Je m’inspire des travaux de mon collègue André Giordan, malheureusement décédé en mai dernier, pour illustrer l’environnement favorable à l’apprendre et les conditions à mettre en place pour développer les compétences de haut niveau de nos apprenants. La compétence professionnelle ne se développe pas dans les savoirs que j’ai acquis, mais à travers les façons dont je les ai appris.

Je terminerai avec une autre citation de Giordan qui introduira ma prochaine chronique, « Comment on apprend une profession » .

« Apprendre dépasse désormais la pure acquisition de connaissances factuelles. C’est l’appropriation de démarches qu’il importe de privilégier. » (Giordan, A. 1998)