Le savoir-être professionnel

Le savoir-être

Henri Boudreault Ph.D. (2016)

POURQUOI LE SAVOIR-ÊTRE?

Le savoir-être est une composante de sélection, de plus en plus importante, pour accéder ou progresser sur le marché du travail ou réaliser un travail avec compétence. On ne peut réaliser une tâche professionnelle sans manifester les comportements professionnels qui lui sont associés. Ces comportements, teintés du savoir-être, jouent un rôle clé dans le jugement, par les autres, de la qualité de la réalisation des tâches.

Pour pouvoir comprendre le comportement à associer à une tâche, selon son contexte, il faut pouvoir fournir à l’apprenant des repères lui permettant d’avoir une représentation tangible des attentes que les autres peuvent avoir. Ces attentes sont non seulement liées au résultat d’une tâche, mais également à la façon dont cette tâche doit être réalisée.

Le développement des savoir-être clés, qui sont propres à des activités professionnelles, constitue le fondement qu’une personne est bien ce qu’elle prétend être.

Manifester les savoir-être professionnels, c’est premièrement se soucier d’établir un lien de confiance avec les acteurs d’une situation de travail, selon leur rôle. Ce lien de confiance est le sentiment qu’inspire une personne aux autres, à partir des traits de son identité professionnelle, sur la sécurité de ses pratiques de travail, sur l’assurance du contrôle de ses tâches et sur l’espérance ferme de l’atteinte du résultat attendu de son travail.

Attitudes et savoir-être

Le terme d’attitudes est souvent utilisé pour exprimer le savoir-être. Il est important de distinguer la nuance à faire entre ces deux concepts. Mes recherches m’ont permis d’établir que tous les savoir-être sont des attitudes, mais que toutes les attitudes ne sont pas nécessairement des savoir-être.

On peut définir les attitudes comme un état d’esprit qu’une personne adopte à l’égard d’elle-même ou envers les autres dans une situation, selon les circonstances ou les événements, qui l’incitent à une manière d’être ou d’agir. Cet état d’esprit est composé d’une émotion et d’une action.

Ce qui devrait distinguer le savoir-être de l’attitude, c’est l’aspect conscience d’une réaction aux circonstances d’une situation de travail. Il faut aborder le savoir-être dans l’agir ou le réagir, que l’on peut formaliser, à partir des circonstances d’un événement dans une situation de travail.

Le savoir-être est alors constitué des comportements qu’il est possible d’expliciter et de formaliser à partir des qualités, principes, postures ou conduites qu’un individu se doit de manifester envers lui-même et les autres ainsi que les instruments qu’il utilise lors de la réalisation de ses tâches dans une situation de travail pour démontrer sa compétence. Le savoir-être est composé de ce que nous pouvons comprendre d’une attitude pour lui permettre d’exister comme objet d’apprentissage et ainsi être appris.

Pour Rosenberg et Hovland (1960), l’attitude a un caractère tridimensionnel, constitué de trois composantes :

  • une composante cognitive, et évaluative, qui se réfère à ses croyances, à ses jugements, à ses savoirs;
  • une composante affective ou émotionnelle qui renvoie à des sentiments favorables ou défavorables, à des émotions positives ou négatives;
  • une composante conative ou comportementale qui se confond avec son intention d’agir, sa disposition à réagir, sa tendance à l’action.

Les éléments synthèses du savoir-être et leurs liens

Le savoir-être est un concept abstrait difficile à se représenter de façon tangible. Je vous propose une représentation qui facilitera, je l’espère, la compréhension de ses composantes, de sa structure et de son fonctionnement.

Le lien de confiance

La finalité de l’apprentissage du savoir-être est de faire en sorte de faciliter l’établissement du lien de confiance entre le professionnel et ceux qui auront à bénéficier de son travail. Ces personnes peuvent être des collègues, un supérieur, des clients et même la communauté en général.

Les tâches

Le lien de confiance se construit à partir des pratiques de travail qui sont associées aux tâches que réalise une personne selon ses responsabilités. L’analyse de situations de travail renseigne sur les tâches qu’exécute une personne dans le cadre de sa profession.

La situation de travail

Les pratiques, associées à la réalisation des tâches, sont réalisées dans le cadre d’une situation de travail qui contient l’ensemble des événements et des circonstances qui influenceront la pertinence et l’efficacité des pratiques. et des comportements

L’action

Le premier élément qui caractérise le savoir-être est l’action. Il ne peut y avoir la manifestation d’un savoir-être sans l’action, qu’elle soit mentale ou motrice. Cette action est associée au savoir-faire à réaliser, qui lui-même, est subordonné aux savoirs pour pouvoir en comprendre les avenants et les aboutissants.

L’émotion

Le deuxième élément est l’émotion. C’est l’élément le plus critique du savoir-être. L’état émotif de la personne, le coeur de l’apprenant, par rapport au savoir-être détermine le désir ou non de la personne à le manifester. Le simple fait de connaître le savoir-être à manifester n’est pas suffisant pour qu’il soit intégré par la personne dans ses pratiques.

La cognition

Le troisième élément est la cognition. Pour manifester un savoir-être, il faut posséder un certain nombre de connaissances. C’est la partie « savoir » de l’ « être ». Cet élément regroupe toutes les informations associées aux attitudes, qualités, événements, comportements, indicateurs, contextes, circonstances et situations associés aux savoir-être professionnels.

À ce stade, nous sommes en mesure de comprendre les caractéristiques et la finalité des savoir-être. Tout en étant plus avancé dans notre compréhension, il manque encore des liens entre ce qu’est le savoir-être et sa raison d’être.

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