C’était un lundi matin d’octobre. Je me dirigeais vers le CFP (centre de formation professionnelle) qui appartenait à la CFP (commission de la formation professionnelle) où le MEQ (ministère de l’Éducation), par l’intermédiaire du service de l’éducation aux adultes de la commission scolaire, avait la responsabilité de la formation commandée par le ministère du Travail pour répondre aux besoins de la main-d’oeuvre.
Je n’ai pas compris cela tout de suite, mais après un certain temps ce fût nécessaire pour être en mesure de situer la source de certains problèmes et de trouver des solutions. La sélection des élèves, l’absence de programme en bonne et due forme, l’inadéquation des espaces et des équipements, l’évaluation des apprentissages, l’assiduité des élèves et les budgets représentaient quelques éléments que j’ai dû gérer, car elles avaient des incidences directes sur mes tâches d’enseignant. Mais je ne le savais pas encore.
J’avais un directeur très gentil dont la règle était » Pas de nouvelle, bonne nouvelle « . Cela voulait dire que si je ne lui parlais jamais de mes problèmes j’étais un bon enseignant. À l’inverse, si je ne l’écoutais pas me parler de ses problèmes, j’aurais des problèmes.
J’arrive donc au CFP pour prendre possession de ma classe et de mon atelier. La classe est conventionnelle avec ses tables et ses chaises, son tableau vert, son rétroprojecteur, qui était une innovation technologique à l’époque, et mon bureau de prof. La classe est située en surplomb par rapport à l’atelier.
L’atelier avait un lien avec l’ébénisterie que par l’odeur du bois. Les équipements tenaient plus du bricolage que d’un atelier professionnel. Cela prendra quatre ans avant que cet atelier soit équipé convenablement. Les établis étaient en nombre suffisant, mais ils étaient plus en lien avec un atelier d’électricité. Il n’y avait pas de salle de finition, ni de bois d’ailleurs pour commencer le travail. Je ne savais pas qu’en plus d’enseigner je devais faire les achats, aménager l’atelier, entretenir les outils, installer les équipements, finalement être comme le propriétaire d’un atelier d’ébénisterie. De toute évidence, ce n’était pas aujourd’hui que nous allions travailler à faire des meubles. Tout allait se passer en classe.
Le directeur me fait les salutations d’usage et me présente à la secrétaire. Je me suis rendu compte qu’il y a toujours une personne dans une école, une secrétaire en général, qui est l’âme, le cerveau, l’organisatrice et le cœur de cette école. Dans mon cas ce fut Manon. Je vais vous en parler à plusieurs reprises, car c’est un personnage incontournable. Je suis certain que tout prof dans un centre de formation connaît une Manon qui l’aide à résoudre tous ses problèmes. Elle devient son âme sœur professionnelle pour ne pas dire sa seule bouée de sauvetage qui va l’aider à ne pas se noyer. Je pense que plusieurs profs qui ne survivent pas à leur premier moment d’enseignement n’ont pas pu rencontrer leur Manon.
À suivre …
Sep 09, 2013 @ 08:34:53
Merci Henri pour cet épisode pour le moins singulier et qui, me semble-t-il, ne vous a laissé qu’une seule alternative : celle de vous retrousser les manches en cherchant un soutien, féminin en l’occurrence.
En tant qu’auto-entrepreneur j’ai appris à faire de même, avec pour appui de vraies expériences du pilotage de projets, du partenariat et de la transversalité.
J’apprécie vos éclairages et le partage de vos connaissance.
Merci encore
Sylvie Roux – OLEA – Aix-en-Provence
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Sep 09, 2013 @ 09:11:47
Merci pour votre commentaire.
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Sep 09, 2013 @ 05:01:14
Je me souviens de ce moment de solitude, lorsque j’ai pris en charge mon premier poste d’enseignante, sous statut « Maître auxiliaire » en 1975. Même situation. Larguée dans un CET (Collège d’Enseignement Technique) pour 3 mois de remplacement, après un mois d’absence du professeur titulaire, malade : une classe BEP avec un examen prévu en fin d’année. Pas de Manon à l’Education Nationale, mais à l’AFPA, il en existe souvent une dans chaque Centre.
Plus tard, vers 1998, Responsable de Formation à l’AFPA (même structure que CFP), j’ai toujours repensé à ce moment-là, lorsque j’accueillais les nouveaux formateurs : identifier les relais et points d’appuis (véritables fils rouges) pour accompagner leurs premiers pas, écouter leurs suggestions. Précieux le regard neuf et les propositions non-institutionnelles qui permettent de dégager des solutions innovantes.
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Sep 08, 2013 @ 10:31:10
Votre aventure n’est pas surprenante. Nous pourrions dire beaucoup sur la hiérarchie. Pour être à la tête d’un établissement, on demande très souvent au représentant de savoir parler…de manier le verbe….d’être un orateur. Ce dernier n’a pas l’obligation d’être doué d’une culture technique.. La France sur ce point est très ressemblante à votre pays.
Espérons que les Manons sont nombreuse !
Laissons l’erreur perdurer et peut-être……
J’ai entendu dire un jour « qu’il y a autant d »intelligence dans une moteur de mobilette que dans un texte d’Aristote ».
A méditer…..
Dans tous les cas Henri, c’est un plaisir de suivre votre pensée régulièrement.
Portez-vous bien et à bientôt.
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