20693719

C’était un lundi matin d’octobre. Je me dirigeais vers le CFP (centre de formation professionnelle) qui appartenait à la CFP (commission de la formation professionnelle) où le MEQ (ministère de l’Éducation), par l’intermédiaire du service de l’éducation aux adultes de la commission scolaire, avait la responsabilité de la formation commandée par le ministère du Travail pour répondre aux besoins de la main-d’oeuvre.

Je n’ai pas compris cela tout de suite, mais après un certain temps ce fût nécessaire pour être en mesure de situer la source de certains problèmes et de trouver des solutions. La sélection des élèves, l’absence de programme en bonne et due forme, l’inadéquation des espaces et des équipements, l’évaluation des apprentissages, l’assiduité des élèves et les budgets représentaient quelques éléments que j’ai dû gérer, car elles avaient des incidences directes sur mes tâches d’enseignant. Mais je ne le savais pas encore.

J’avais un directeur très gentil dont la règle était  » Pas de nouvelle, bonne nouvelle « . Cela voulait dire que si je ne lui parlais jamais de mes problèmes j’étais un bon enseignant. À l’inverse, si je ne l’écoutais pas me parler de ses problèmes, j’aurais des problèmes.

J’arrive donc au CFP pour prendre possession de ma classe et de mon atelier. La classe est conventionnelle avec ses tables et ses chaises, son tableau vert, son rétroprojecteur, qui était une innovation technologique à l’époque, et mon bureau de prof. La classe est située en surplomb par rapport à l’atelier.

L’atelier avait un lien avec l’ébénisterie que par l’odeur du bois. Les équipements tenaient plus du bricolage que d’un atelier professionnel. Cela prendra quatre ans avant que cet atelier soit équipé convenablement. Les établis étaient en nombre suffisant, mais ils étaient plus en lien avec un atelier d’électricité. Il n’y avait pas de salle de finition, ni de bois d’ailleurs pour commencer le travail. Je ne savais pas qu’en plus d’enseigner je devais faire les achats, aménager l’atelier, entretenir les outils, installer les équipements, finalement être comme le propriétaire d’un atelier d’ébénisterie. De toute évidence, ce n’était pas aujourd’hui que nous allions travailler à faire des meubles. Tout allait se passer en classe.

Le directeur me fait les salutations d’usage et me présente à la secrétaire. Je me suis rendu compte qu’il y a toujours une personne dans une école, une secrétaire en général, qui est l’âme, le cerveau, l’organisatrice et le cœur de cette école. Dans mon cas ce fut Manon. Je vais vous en parler à plusieurs reprises, car c’est un personnage incontournable. Je suis certain que tout prof dans un centre de formation connaît une Manon qui l’aide à résoudre tous ses problèmes. Elle devient son âme sœur professionnelle pour ne pas dire sa seule bouée de sauvetage qui va l’aider à ne pas se noyer. Je pense que plusieurs profs qui ne survivent pas à leur premier moment d’enseignement n’ont pas pu rencontrer leur Manon.

À suivre …