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Trouver les questions devient alors un apprentissage plus stimulant que d’accumuler simplement des réponses. Le meuble devenait un objet d’intrigue, de recherche et de découverte. J’avais la chance qu’un meuble était nécessairement l’aboutissement d’un besoin satisfait.

Vous me direz qu’il est facile de motiver des élèves avec un cours d’ébénisterie et qu’il s’agit simplement que les élèves réalisent des meubles qu’ils pourront garder. Cela n’est pas aussi simple. Même à rabais, les meubles réalisés sont souvent trop dispendieux pour les élèves. Lorsque je permettais aux élèves qu’ils se procurent les meubles qu’ils fabriquaient, j’avais toujours des problèmes de qualité. Lorsque j’exigeais le respect des critères, ils me disaient que pour eux ils n’avaient pas besoin d’être aussi précis. Étant donné que c’est eux qui payaient, c’est eux qui décidaient du résultat. De plus, lorsqu’ils devaient réaliser un meuble dont ils n’avaient pas besoin, ils se décourageaient avant la fin en se justifiant qu’ils n’étaient pas payés pour travailler. Vous comprendrez que de faire réaliser, ce que l’on appelle, des projets poubelles était encore moins motivant. Les objectifs du programme ne correspondent pas toujours aux besoins spécifiques des élèves.

Plusieurs de mes élèves s’interrogeaient aussi sur la pertinence certains objectifs comme celui d’apprendre à utiliser les outils manuels. Il ne s’agit pas de mettre en place un dispositif de formation où tout ce qui est réalisé est très motivant. Il faut que la somme des activités soit plus motivante que démotivante. À tout le moins, il faut qu’il y ait un espoir de motivation. C’est pour cette raison que j’avais implanté l’itinéraire des apprentissages. Les élèves savaient ce qu’ils allaient réaliser. Ils étaient en mesure de fournir les efforts nécessaires à des apprentissages moins motivants lorsqu’ils savaient que l’activité suivante pouvait les intéresser. Ma formule magique était de faire en sorte que la somme des efforts à fournir par l’élève soit toujours plus petite ou égale aux besoins qu’il avait ou aux désirs que je pouvais susciter chez eux.

Le problème, lorsque les apprentissages ont pour résultat un produit, est de disposer des réalisations à un moment donné. La manière dont nous disposons des réalisations va avoir des incidences sur la motivation des élèves. La solution la moins contraignante que j’ai trouvée était de faire un encan des réalisations à deux moments de l’année. Les montants recueillis étaient donnés à des œuvres de charités ou des causes qui avaient été choisies par les élèves en début d’année. Lors de la remise des montants, un article dans les journaux locaux était produit avec la photo des élèves. Ce fut la façon la plus rentable, pédagogiquement, que j’ai trouvée pour motiver mes élèves en éliminant l’effet pervers de l’appât du gain.

À suivre : 4.  Comment démotiver ?