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C’est à partir du contexte qu’une tâche prend tout son sens. Cette même tâche n’a aucun sens si elle est réalisée tout simplement dans un contexte scolaire où le seul but serait de faire faire. Si c’est le cas, on forme des tâcherons. Comme en sécurité, ce n’est pas l’action qui est dangereuse, mais le contexte ou cette action se déroule. Pour comprendre le contexte, il faut avoir une idée de la situation.

Si je vous dis que de rouler en auto à une vitesse de 80 km/h est dangereux, vous allez me dire que cela dépend du contexte. Si vous êtes sur une autoroute, vous êtes dangereux parce que vous roulez trop lentement s’il fait soleil en été et qu’il n’y a pas de circulation. Par contre au même endroit en hiver dans une tempête de neige, vous roulez trop vite. C’est pourquoi, en travaillant sur des cours de conduite, j’avais suggéré d’arrêter d’entraîner exclusivement  les gens à appliquer des pratiques de conduites, mais plutôt de confronter des pratiques imaginer pas des personnes en demandant de les justifier selon les situations qu’on leur proposait où l’on faisait varier certaines circonstances. Il valait mieux apprendre à penser en premier et apprendre à faire en deuxième. Les apprentis conducteurs apprendraient ainsi à gérer une situation plutôt que d’avoir la croyance de posséder la bonne pratique.

La construction du comment faire devrait faire partie de la trame de font de tout apprentissage en formation professionnelle dans le contexte du développement de la compétence professionnelle. Je confrontais mes étudiants en leur demandant de rédiger la pratique envisager pour réaliser la tâche et de remettre cette façon de faire à l’un de leur collègue. Chacun recevait la pratique d’un autre. Dès le départ, cela suscitait d’excellentes discussions sur l’écriture, la présentation, la clarté, la terminologie. J’avais ainsi mis en place un terrain fertile pour venir y insérer toutes les notions utiles. Par la suite, lorsque tous les élèves semblaient avoir compris la façon de faire, ils allaient la mettre à l’épreuve en la réalisant. Je peux vous affirmer que le debrefing après la réalisation des tâches était très riche. Nous pouvions identifier ce qui avait bien ou mal fonctionné. Nous pouvions élaborer des pratiques plus performantes, modifier les circonstances, confronter des points de vue et surtout repérer ce qui n’avait pas fonctionné et de déterminer si cela était dû à un manque de planification, de connaissance, d’organisation ou tout simplement dû à la variabilité des circonstances qui aurait dû être tenue en compte.

En formation professionnelle, il faut déterminer ce qu’il faut faire, mais il faut leur faire construire comment le faire. L’intelligence professionnelle, la productivité, l’efficacité, la polyvalence, la capacité d’adaptation se retrouvent dans le doute que nous réussirons à faire émerger sur les certitudes de nos élèves. N’oubliez pas, si vous êtes certains d’être le porteur de la vérité, vous êtes dangereux.

À suivre : C’est élémentaire mon cher Watson!