À choisir entre dire quoi faire et de faire construire ce qu’il faut faire, je choisis la construction. Ici, j’ai bien choisi construction et non pas découverte. En formation professionnelle nous ne sommes pas en création. On ne découvre pas comment réaliser un tenon ou une mortaise, on construit, étape par étape, la façon de faire une mortaise ou un tenon.
Comme dans toute construction cela prend de la matière première, un plan, des outils et des procédés. Il ne s’agit pas de faire réinventer la roue aux élèves, mais de faire en sorte que le savoir soit au service de l’action. Il demeure que c’est à l’enseignant de décider ce qu’il faut faire, car il est le lien entre ce qu’il faut apprendre et ce qu’il faut faire. La sélection, la synchronisation et le séquençage de l’action constituent l’aboutissement de la stratégie que l’enseignant va élaborer pour faire apprendre le métier aux apprenants. Le quoi est le champ de responsabilité de l’enseignant, le comment constitue la construction qui doit être faite par l’apprenant pour comprendre non seulement ce qu’il faut faire pour arriver aux résultats, mais également à quoi sert le savoir qui doit être appris.
Voici comment je m’y prends. Je détermine une situation, dans mon cas, un atelier d’ébénisterie artisanale. À partir de cette situation, je suis en mesure de justifier un lieu, des instruments, des acteurs, un but, un domaine d’activités, des tâches, une temporalité et un modèle opératif. La situation joue le rôle de toile de fond pour donner du sens aux apprentissages et à l’action. Par la suite, je provoque des événements qui permettront de mettre en scène, avec des circonstances particulières, les tâches que je désire faire réaliser aux apprenants.
Faire un meuble dans une industrie ou dans un atelier artisanal fait appel à des pratiques de travail adaptées selon des circonstances très différentes. Chacune des activités professionnelles que l’on demande de réaliser à un élève n’existe pas dans la réalité comme telle s’il n’y a pas eu une commande avec un client à un moment donné avec un délai et un coût. C’est ce que l’on appelle des contraintes. La situation me permet de créer des événements qui vont permettre de faire émerger un contexte qui pourra servir de base à la réflexion et à la particularité des pratiques qui seront mises en oeuvre pour pouvoir gérer ces contraintes. C’est le début de l’émergence d’une compétence professionnelle.
À suivre : C’est ma faute de l’autre!
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