Je vous dirais même que plusieurs cours de santé et de sécurité dans nos centres de formation se donnent dans ce contexte. Les profs et les directions sont dégagés de toutes responsabilités si les cours ont été donnés et que les élèves ont suivi et réussi les examens de la formation. Personne ne se pose la question si les élèves ont intégré ces notions et sont en mesure de les transférer dans la réalité. Il faut toujours se dire qu’avant de placer un casque de sécurité sur la tête d’une personne, il faut l’avoir placé dans sa tête. Si vous donnez un cours de sécurité et que vous êtes obligé de surveiller constamment vos élèves pour qu’ils appliquent ce que vous avez dit, c’est qu’ils n’ont pas appris ce qu’il fallait.
Il est curieux que dans la pensée populaire, suivre un cours soit synonyme d’une certitude d’apprentissage. On oblige des formations sans faire de lien entre les modalités de formation et la potentialité que peut générer cette modalité sur les attentes, les buts, les intentions et les objectifs de cette formation. On ne peut développer le jugement d’une personne en lui faisant écouter un discours d’une heure, même avec un Power-point. On ne peut développer le souci de la conduite responsable en montrant des vidéos d’accidents. Il faudrait m’expliquer le phénomène qui se passe dans le cerveau qui peut faire penser un instant qu’en voyant un accident je vais mieux conduire. À oui, c’est la peur. J’en reviens à ma soeur et sa claquette. À l’époque avec la peur, les péchés mortels, l’enfer et la règle sur les doigts, ont faisait apprendre à lire, à écrire et à compter. Plusieurs ont la nostalgie de cette époque en évoquant son efficacité. Eh oui, on savait écrire, mais on ne savait pas quoi écrire. On savait lire ce que l’on nous disait de lire et on savait compter, mais pas l’argent, c’était péché s’il y en avait trop.
On constate que le savoir n’est pas tout et que l’appropriation de ce savoir n’est pas l’affaire que du prof, tout est dans la manière. Avec mon élève qui s’était blessé parce que je ne lui avais pas dit de ne pas se blesser, j’ai compris le danger de former des élèves à faire ce que je dis. Il valait mieux les former à réfléchir, à raisonner, à analyser, à inférer et à décider plutôt que je le fasse à leur place.
Pour que cela puisse se faire, il fallait changer un certain nombre de pratiques d’enseignement. Plutôt que d’émettre des vérités, il fallait la chercher. Il y a un dicton qui présente la vérité sous trois angles. Il y a ceux qui la cherchent, ce sont les moins nombreux, ceux qui s’en fichent, ce sont les plus heureux et ceux qui la possèdent, ce sont les plus dangereux. Mais ici, il ne s’agit pas de trouver la vérité, avec un grand V, mais simplement prendre les bonnes décisions et d’agir correctement dans ses tâches de travail.
C’est dans ce but que j’ai commencé à utiliser la construction de pratiques de travail par les élèves eux-mêmes. Certains m’ont accusé d’être un néobihavioriste en voulant restreindre l’apprentissage à des constructions de procédures. Si l’on se borne qu’à cette simple façon de faire, je dirais oui, mais ce n’est pas ce que je désire faire. De la même façon que pour l’écriture, avant de faire des compositions tu dois faire des dictés.
À suivre : Ça dépend!
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