Les personnes qui s’inscrivent à une formation professionnelle le font dans l’espoir de développer leur compétence plus rapidement et à un niveau plus élevé que ceux qui apprennent un métier sur le tas. Il est donc logique de croire que la formation doit permettre à l’apprenant de s’approprier des expériences qu’il n’aura pas besoin de vivre dans le milieu réel de travail. Il pourra alors être en mesure de développer une expertise professionnelle plus rapidement et de plus haut niveau qu’uniquement dans le milieu de travail.

Le défi consiste, pour l’enseignant, à expliciter ses expériences professionnelles pour que l’apprenant puisse s’approprier cette expertise et puisse ainsi l’apprendre et en tenir compte lors de ses pratiques.

Nous savons que les connaissances de l’enseignant, issue de ses expériences en entreprise, sont en bonne partie implicites, tacites et empiriques. Ces connaissances sont liées à sa capacité à associer le contexte de la situation de travail à la tâche à réaliser, aux pratiques à adapter et aux attitudes à manifester.

Les savoirs enseignés, qui devront se transformer en connaissance chez l’apprenant, lui procureront le pouvoir de comprendre, de faire et d’être pour ainsi construire son identité professionnelle.

Les programmes d’études présentent les compétences à développer, les contextes de réalisation, les travaux à réaliser ainsi que les résultats attendus. Par contre, ces programmes n’indiquent pas comment réaliser les pratiques. Les pratiques sont étroitement liées à l’expérience. Le programme est la source du quoi faire et l’enseignant  est la source du comment faire.

L’approche par compétences, incluse dans les programmes, ne vise pas seulement la performance aux tâches à réaliser, mais également la compréhension des savoirs sous-jacents à ces tâches. Cette condition est en grande partie la raison pour laquelle les milieux de formation engagent des spécialistes dans les différents métiers ou professions.

Ces spécialistes possèdent une expérience professionnelle particulière sans nécessairement avoir les habiletés nécessaires pour représenter cette expérience et la rendre accessible aux autres. L’explicitation de l’expérience de l’enseignant en savoirs, pour que l’apprenant puisse en avoir l’accès, exige de sa part l’habileté à la représenter.

L’utilisation de représentations est une stratégie didactique efficace pour que l’enseignant puisse présenter aux apprenants les particularités, l’organisation et l’accès à son expertise. Les représentations permettent de nommer les connaissances et de rendre plus précises les associations implicites et souvent embrouillées des mots avec leurs sens.

L’utilisation de représentations incite l’enseignant et l’apprenant à créer et à faire évoluer constamment leurs schèmes internes. La représentation constitue une extension de la mémoire de travail et permet de réduire la charge du traitement cognitif. Finalement, c’est un moyen pour favoriser la pensée réflexive et un excellent exercice pour manier les idées.

C’est le lien essentiel entre la tête, les mains et le coeur de l’apprenant pour qu’il puisse développer sa compétence professionnelle.