Ils ne sont pas motivés! 2. La bougie d’allumage

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Je pensais alors, à tort, que mon rôle était de transmettre mon métier et que c’était aux élèves de s’arranger avec le don que je leur faisais. J’ai fini par comprendre, avec le temps, que mon rôle n’était pas de transmettre mon métier, mais de le faire apprendre.  Mais pour apprendre, un élève a besoin de motivation et pour être motivé il faut apprendre. Cela semble constituer un paradoxe, mais il faut plutôt le prendre dans le sens de créer un mouvement perpétuel. Apprendre alimente la motivation et la motivation est nécessaire pour apprendre.

Il faut comprendre que la motivation ressemble un peu à un feu, il suffit d’une étincelle pour provoquer un incendie. Il s’agit de trouver ce qui provoquera l’étincelle, par la suite il suffira d’alimenter le feu avec soit du carburant, du comburant de la chaleur ou de savoirs, de contextes et de sens.

Je vous ai déjà indiqué la première motivation de mes élèves, c’était de recevoir un chèque et par la suite de résoudre leurs problèmes personnels, qui pouvaient être très variables d’un individu à un autre. Je vous ai déjà indiqué également que ces élèves avaient déjà vécu des expériences négatives avec l’école. Pour plusieurs, c’était un endroit d’échecs à répétition. Comme enseignant, je partais avec deux prises. La question  était de savoir ce qui pouvait motiver mes élèves à fournir les efforts nécessaires pour apprendre.

Lors de ma première année d’enseignement, à chaque foi que je demandais à mes élèves de réaliser une activité cela provoquait toujours une longue négociation pour débuter le travail. La question qu’ils me posaient à chaque foi était ( qu’est-ce que ça donne d’apprendre ça?). Je devais constamment justifier chacune des activités que je proposais.

Sans le savoir, cette situation m’a appris l’élément de base de l’organisation de toute formation, le sens. Pourquoi un élève apprendrait quelque chose dont il a la conviction que cela ne sert à rien? La réponse de beaucoup d’enseignants est de dire à l’élève d’apprendre maintenant et de comprendre plus tard à quoi cela va servir. Mais comment apprendre maintenant si je ne connais pas la pertinence de ce que j’apprends? Je pourrais seulement mémoriser l’information et régurgiter ce que j’ai mémorisé. Il faudrait que les examens soient réalisés rapidement après la mémorisation.

Il ne s’agit pas d’appliquer qu’une pédagogie unique de l’utilitaire, mais de provoquer l’étincelle de départ avec le sens et par la suite de l’alimenter avec l’intrigue et la quête de ce sens par l’élève. C’est de cette façon que j’organisais mon cours d’histoire du meuble. Au début je présentais un meuble, sa structure et sa fonction à partir d’une histoire qui était à l’origine de sa conception. Au lieu d’apporter des réponses, je suscitais le questionnement des élèves sur l’existence de ce meuble et de ses caractéristiques. Pourquoi le meuble existait? Qui s’en servait? Pourquoi les dimensions étaient différentes d’aujourd’hui? À quel endroit il était utilisé? Qui l’avait fabriqué? etc. La question doit toujours venir avant la réponse. Mais encore faut-il que ce soit des questions que l’élève puisse se poser. Les questions vont alors changer. Est-ce que j’ai besoin d’un meuble? À quoi va-t-il me servir? Est-ce que j’ai de la place pour le mettre chez-moi? Est-ce que je serai capable de le fabriquer? J’aurai besoin de quoi pour le fabriquer? Etc.

À suivre : 3. Motivation >  ou = Effort et Effort < ou = Besoin et désir

Ils ne sont pas motivés! 1. Avancez en arrière!

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La motivation est un concept clé dans le processus d’apprentissage. L’une des définitions de la motivation consiste dans le «Lien» entre un acte et les raisons à l’origine de cet acte.  Dans la police on appelle cela un mobile. Mes élèves étaient motivés pour venir au centre de formation, mais cela n’avait pas nécessairement de lien avec l’ébénisterie.

André Giordan indique, dans l’une de ses communications, quatre obstacles aux apprentissages qui ont des incidences certaines sur la motivation. Premièrement, il manque à l’élève des informations nécessaires pour comprendre. Par exemple parler du danger de renversement d’une charge quand l’élève n’a aucune notion du centre de gravité. Deuxièmement, les informations n’intéressent pas l’apprenant, car il n’y voit pas de sens. Donner un cours sur des règles de sécurité quand l’élève ne connaît pas le contexte de travail. Troisièmement, l’élève est incapable d’accéder à l’information. Vous rendez disponibles les guides techniques, mais l’élève ne comprend pas le langage utilisé. Finalement, quatrièmement, il manque des éléments à l’élève pour qu’il puisse comprendre. Il est difficile de comprendre l’effet de la force d’inertie pour un élève dans un simulateur de conduite. Il peut voir les informations, il peut entendre les bruits, mais il ne peut ressentir le rôle de la force d’inertie lorsqu’il prend un virage ou il freine.

Tenir compte des préalables des apprenants, du sens des informations, de la disponibilité des informations et de l’utilisation des ressources didactiques appropriées sont essentiels pour garder les élèves motivés lors de la dispense d’une séance de formation.

J’ai vécu souvent ce phénomène lorsque j’ai eu à organiser des formations pour des organismes et des entreprises. Les participants étaient présents au cours, mais pas au point d’investir les efforts nécessaires pour apprendre.

Tout enseignant ou formateur a déjà vécu la situation où tous les élèves s’asseyaient à l’arrière de la classe pour être le plus loin possible de l’action. C’est particulier pour un enseignant de constater l’absence du désir de vouloir apprendre de la part de ses élèves. Combien de foi je me suis fait dire, au début d’une formation, par les élèves que le cours va être plate et que ça va être long et qu’ils n’ont pas le sentiment qu’ils vont apprendre quelque chose.

J’ai même eu un élève qui m’a affirmé que l’école lui avait appris une chose, c’est qu’il ne pouvait pas apprendre, il avait 45 ans. J’ai malgré tout essayé, au début de ma carrière, à donner mes cours tout en constatant le manque de motivation de mes élèves. Je me suis dit qu’au moins je faisais mon travail, c’était à eux de faire l’effort d’apprendre.

À suivre : 2. La bougie d’allumage.

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