J’ai un exemple de ce que cela donne de laisser faire les autres. Peu de temps après, j’ai eu le plaisir d’avoir la livraison d’une pièce d’équipement essentiel à un ébéniste, un banc de scie. J’ai déchanté lorsque j’ai ouvert la boîte. On m’avait acheté un banc de scie de bricoleur dans une grande surface. J’estimais la durée de vie de ce type d’outil à une semaine dans un atelier normal, imaginer avec des élèves. J’ai fait contre mauvaise fortune bon coeur. J’ai choisi de travailler le bois mou en attendant un vrai banc de scie pour travailler le bois franc. Voilà, c’était simple, mais il n’y a rien de simple. Le nouveau banc de scie est en morceau dans la boîte, il faut le monter. Que cela ne tienne, je vais demander des outils, on me demande pourquoi et l’on m’indique que ce n’est pas à moi de monter l’équipement, «because» les assurances. Ce sera un employé du centre, de l’autre ministère, qui va faire le montage, la semaine prochaine.
Il ne faut pas chercher longtemps pour comprendre comment j’ai pu faire de la pression si jeune. Entre temps, j’ai pu avoir des outils manuels en petite quantité pour faire travailler mes élèves à tour de rôle et faire des démonstrations. Pour ceux qui n’avaient pas d’outil, je leur faisais faire du dessin. Cela ajoutait un objectif de plus à coordonner, mes cours de théorie avec le travail en atelier et du travail en laboratoire de dessin pour ceux qui ne pouvaient pas travailler en atelier. J’utilise ici le mot de laboratoire de dessin, mais nous étions loin du compte, en réalité c’était du travail sans danger en classe pendant que j’étais en atelier pour surveiller les élèves pour ne pas qu’ils se blessent. Cette fonction de surveillance est la première angoisse que j’ai eue. J’avais déjà géré des employés dans un atelier, mais je n’avais jamais géré des apprentis dans un atelier, en l’occurrence quinze personnes qui ne savent pas se servir d’aucun outil.
Je réagissais au son lorsque les machines à bois fonctionnaient. Je pouvais reconnaître facilement qu’une machine était mal utilisée par le son qu’elle faisait. J’espérais seulement arriver avant que cela ne soit fatal. Imaginer, vous travaillez avec un élève et vous en avez quatorze autres qui se démènent dans l’atelier. C’était vrai à l’époque et c’est encore vrai aujourd’hui. J’ai assisté à des cours de forage et de dynamitage, des cours de conduite de camions ainsi que de machineries lourdes qui étaient encore plus stressants pour les profs. Lorsque l’élève fait sauter des bâtons de dynamite, qui va voir quand cela ne saute pas ? Bonne question !
J’ai alors compris que dans mon prochain cours je commencerai les travaux en atelier avec des outils à mains et non pas avec des machines à bois. Mais, pour l’instant, il était trop tard, c’était parti et il fallait faire avec. Je n’avais pas les arguments pour convaincre mes élèves d’arrêter de me faire peur. Il fallait que je trouve des raisons pédagogiques et didactiques pour organiser le travail de la bonne façon.
À suivre … Partir 4 : Pardon monsieur !
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