Il ne faut pas argumenter avec des élèves en classe sur ce type de sujet. J’ai heureusement eu la bonne réaction, malgré mon manque d’expérience. J’ai demandé à l’élève de venir m’expliquer son problème à l’extérieur de la classe. Ce qu’il a accepté. Une foi seul avec lui nous avons pu traiter de son problème de frustration sans que cela ne dégénère. Les autres élèves n’étaient plus là pour encourager son comportement. Ce fut plus facile, car il n’avait plus les encouragements de ses pairs. Ce sont ses problèmes financiers qui avaient été le déclencheur. Je l’ai informé que j’en parlerais au travailleur social qui s’occupait de son dossier. Pour le moment, il devait me laisser donner mon cours pour que tout le monde puisse continuer à faire les apprentissages nécessaires pour le travail en atelier. Je lui ai demandé d’aller reprendre ses esprits à la cafétéria pour les quinze minutes qui restaient avant la pause.
Je me suis rendu compte qu’il y avait des problèmes qui faisaient partie de mes responsabilités et d’autre pas. Je peux compatir à certains problèmes, mais je ne fais pas partie de ce problème.
Que ce soit des problèmes liés à la drogue, à la boisson, des problèmes de santé mentale ou d’orientation, il faut que ces problèmes sortent de la classe pour être résolus, car ils vont contaminer le climat d’apprentissage. S’il y a une chose qu’un prof doit protéger à tout prix c’est le climat d’apprentissage qu’il a su mettre en place. Tout ce qui n’est pas lié à l’apprentissage et à ses conditions doit sortir de l’environnement d’apprentissage pour éviter de le mettre en péril. Un élève qui n’est plus en état d’apprendre doit être pris en charge par un autre professionnel que l’enseignant. Quand un médecin n’est plus en mesure de vous soigner, il vous réfère à un autre spécialiste. Le prof, s’il veut faire son métier, doit se limiter à son rôle de faire apprendre. La motivation, la connaissance, la compétence, la didactique, les attitudes professionnelles, la pédagogie, l’évaluation et la gestion de classe font partie de ses responsabilités. Il est important qu’il s’approprie uniquement les éléments de son champ d’expertise. Ce n’est pas parce qu’on lui demande de faire une profession à laquelle il n’a pas été préparé que c’est un four tout de tous les problèmes. S’il ne fait pas ce choix, il n’y a personne d’autre qui va le faire. On va tout lui laisser sur les bras et il va penser que c’est normal de vivre ces problèmes.
Est-ce qu’il y aura quelqu’un qui va enfin faire rendre compte aux décideurs en éducation qu’un prof en formation professionnelle n’a pas les compétences pour gérer tous les problèmes qu’on lui abandonne ? C’est malheureusement son statut précaire et la malsaine concurrence avec ses pairs qui le porte à endurer cette situation. Il faut tout de même être cohérent, on a souvent dit à ce prof, dans sa jeunesse, qu’il devrait aller faire un métier parce que ses notes n’étaient pas assez bonnes pour faire des études plus complexes. On lui déclarait qu’il était plus manuel que conceptuel. Vingt-cinq à trente ans plus tard, on est prêt à lui confier, sans formation, des problèmes en éducation que même un spécialiste diplômé ne peut résoudre. J’ai déjà entendu l’un de ces spécialistes expliqués que quand on ne sait plus quoi faire avec un élève qui a des troubles ou des problèmes d’apprentissage il ne reste qu’à l’envoyé en formation professionnelle.
À suivre … «Police, travailleur social, psychologue, orthopédagogue, pédagogue, etc.»
Oct 17, 2013 @ 13:13:47
Ce site est merveilleux pour la formation technique et professionnelle. L’animateur a vraiment le sens du partage des expériences car il donne certains détails qui édifient. J’aime vraiment.
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