Les préalables motivationnels sont le carburant de l’énergie nécessaire aux apprentissages. La motivation peut être générée et alimentée tout au long de la formation, mais il en faut un minimum au départ. Celle du départ est générée par un besoin ou un désir. Le besoin, parce qu’il me manque quelque chose, ou le désir d’obtenir quelque chose que j’aime ou qui m’intéresse. Toute personne dans un cours en formation professionnelle a au moins une petite étincelle de motivation. Contrairement à la formation générale, il n’y a pas d’obligation de fréquentation scolaire. De plus, dans l’ensemble des métiers, celui que l’élève apprend a été choisi par lui.
La motivation demeure un élément variable, jamais acquis, mais heureusement elle n’est pas déterminée. Si elle est insuffisante nous pouvons l’augmenter, si elle est absente, on peut la susciter, si elle est suffisante on peut l’alimenter. Je peux dire qu’au début de mon expérience d’enseignement mes élèves étaient peu motivés et souvent pour les mauvaises raisons. Ces raisons étaient souvent liées à l’argent qu’ils recevaient ou qu’ils allaient continuer à recevoir. Cette motivation faisait en sorte qu’ils étaient dans ma classe, mais pas nécessairement motivés à m’entendre ou à réaliser les tâches que je demandais. Il a fallu que je fasse preuve de beaucoup d’imagination et de détermination. J’ai toujours pensé que l’enseignant est l’agent le plus important dans l’émergence, le maintien et l’augmentation de la motivation chez l’élève. Je ne dis pas que j’ai réussi à tous les coups de motiver mes élèves au niveau suffisant. Cela a pris plusieurs années pour être en mesure de susciter l’énergie motivatrice que je demandais à mes élèves de fournir. Après trois à quatre ans, je n’ai eu aucun élève qui a quitté mon cours par manque de motivation. Mon cours durait 1 550 heures, j’avais quinze élèves et je leur demandais de réaliser et de réussir plus d’une centaine de projets. Mes quinze élèves terminaient leur formation et réussissaient les projets demandés.
Les préalables langagiers sont critiques par rapport au fonctionnement même du déroulement de la formation et du déroulement du processus d’apprentissage. Nous pouvons inclure à ce préalable la capacité de comprendre, de lire, d’écrire et de communiquer dans la langue de la formation. Vous me direz que c’est élémentaire, mais les enseignants à qui je donne des formations m’indiquent que le manque de ce préalable est l’un des problèmes importants qu’ils ont à gérer. Par contre lorsqu’ils m’expriment ce problème je constate qu’il y a un mélange entre la langue et le langage.
La langue est celle utilisée pour communiquer les informations durant la formation. Avec mes élèves je n’ai pas eu ce genre de problème. Je pouvais parler en français et ils me comprenaient. Il en allait tout autrement pour la lecture et l’écriture. J’ai déjà organisé des formations où participaient des personnes analphabètes et d’autres qui avaient une formation universitaire. J’ai développé de la matérielle didactique plus visuelle pour représenter les concepts à apprendre.
Le minimum qu’un enseignant devrait exiger c’est que les élèves comprennent la langue qu’il utilise pour communiquer. Cela ne semble pas être le cas pour certaines régions urbaines où il y a présence de personnes issues de l’imigration récente. Cela impose à l’enseignant et à l’élève un obstacle majeur au bon déroulement des apprentissages. L’autre contrainte, vécue par tous les élèves est celle du langage technique utilisé par l’enseignant pour décrire les pratiques, les situations et les environnements de travail.
À suivre : La langue et le langage.
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