Si vous voulez ne pas comprendre, je vous suggère de lire le texte si dessous. Vous allez comprendre les nuances entre langue, langage et sens (représentation). Bonne lecture!
À mes débuts comme enseignant, ce fut mon premier constat. Les mots de mon vocabulaire courant n’étaient pas ceux utilisés par mes élèves, sans tenir compte des termes techniques que j’utilisais dans mes explications. En plus, je suis verbomoteur et passionné des sujets que je traitais. Ces deux caractéristiques sont de grandes qualités comme conférencier, mais de grands défauts comme enseignant. Cet assemblage a fait en sorte gue mes élèves constataient que je me trouvais très intéressant, car j’étais le seul à me comprendre. En plus, j’avais l’air d’aimer cela, ego oblige!
Le ton, la vitesse, l’intensité du discours en plus de la quantité d’informations devenaient des composantes dont j’ai appris à tenir compte. Malgré cette prise de conscience, c’est un combat de tous les jours de mettre son ego de côté et d’accepter d’écouter les autres plutôt que de s’écouter. On aime tellement que les autres nous trouvent bons même s’ils ne nous comprennent pas. C’est souvent la maladie professionnelle des enseignants que de se trouver intéressant.
Un jour, j’ai eu à donner une formation à une personne sur la façon de brancher son nouvel ordinateur. Pour moi, cela était tellement évident. La personne m’avait informé dès le départ qu’elle ne connaissait rien à l’informatique et qu’elle trouvait cela bien compliqué. J’ai fait l’erreur de lui dire que c’était très simple et facile à apprendre. Je n’avais pas pensé que dans sa tête cela voudrait dire que si elle ne comprenait pas elle aurait l’air d’une idiote.
Avec ces simples mots, je venais de tuer la suite des choses en augmentant inutilement son niveau de stress. Combien de fois disons-nous la même chose à nos élèves ou à des personnes que nous désirons aider? En voulant rassurer les gens, nous provoquons le contraire. Il faut souvent tourner sept fois notre langue dans notre bouche avant de parler.
J’ai commencé mes explications en montrant à la personne la prise de courant sur le mur et en lui indiquant comment y insérer la prise de l’ordinateur. Par la suite, j’ai branché l’unité centrale, l’écran, le clavier, l’imprimante, le lecteur de CD et le reste. Après vingt minutes d’explications, que je croyais limpides, suite aux signes de tête positifs que me faisait mon apprentie, je lui ai demandé si elle avait des questions. Elle m’a répondu que je l’avais perdu à la prise de courant dans le mur.
J’étais découragé, après deux, trois respires profonds, j’ai compris mon erreur, je lui avais communiqué ma compréhension, mais elle n’était pas compatible avec son mode de compréhension. Je lui ai alors demandé, de me montrer et de m’expliquer, comment elle s’y prendrait pour brancher ses appareils. J’ai pu alors être en mesure de traduire ce qu’elle voulait dire, de compléter, de corriger ou d’ajouter des informations pour arriver au résultat attendu. J’ai pu ainsi jouer réellement mon rôle de formateur.
À suivre : 3. Tout est une question de feeling
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