Certaines personnes pourraient peut-être me dire que si mes élèves ne me comprennent pas je n’ai qu’à parler plus fort. Mais le problème est plus complexe que cela. Lorsque l’on communique avec des personnes, lors d’une formation ou d’une conférence, trois éléments, autres que l’intensité de la voix, peuvent entrer en jeu. Le premier élément est la langue. Les participants sont-ils en mesure d’entrer en communication avec vous? Le deuxième élément, c’est le langage. Les participants sont-ils en mesure d’accéder aux mots que vous utilisez pour présenter votre matière? Finalement, le troisième élément est le sens. On peut parfois être en mesure de lire un mot ou de l’entendre en ayant l’impression d’y avoir accès sans nécessairement en comprendre le sens. À cet égard, le concept de compétence en est un bon exemple. Tout le monde utilise ce mot en ayant une représentation de son sens souvent totalement différent.
Je vais reprendre chacun de ces éléments pour les illustrer avec des exemples. Quand nous utilisons une langue, nous utilisons différents mots que nous assemblons selon des règles pour exprimer une idée, donner des consignes, expliquer des situations, nommer des objets, etc.
Notre langue ne représente pas seulement un outil pour communiquer, mais elle est également le reflet de notre culture. Lorsque je suis allé donner des conférences en France, je pensais que les Français et les Québécois utilisaient la même langue. Pourquoi avions-nous de la difficulté à nous comprendre? Je demandais un « coke » et on me disait que c’était un « coca ». Dans la signalisation, nous indiquons au Québec stationnement interdit, j’ai vu en France un panneau qui indiquait plutôt, stationnement non désiré.
J’ai eu l’occasion de me rendre dans plusieurs pays francophones. Je me suis rendu au Sénégal, en Tunisie, en Haïti et au Liban. Lors de mes présentations, même si nous utilisons la même langue j’ai dû adapter mon accent, mes structures de phrases et certains mots. De la même manière avec nos élèves ou les participants à une formation, nous devons , à tout le moins au début, nous adapter à notre clientèle. Nous pouvons perdre le contact facilement et créer une distance qui sera difficile à combler pour que le lien de confiance s’installe entre les apprenants et moi.
Dans nos cours nous n’avons pas des problèmes de langue seulement avec des personnes d’autres nationalités. Il faut considérer la langue et la culture comme intimement associées. Le sens que l’on donne aux mots est en relation directe avec notre culture. Je traiterai plus loin de ce lien.
À un autre niveau, si dans vos formations vous avez des personnes analphabètes et d’autres qui ont une formation plus avancée, vous ne faites pas face seulement à des variations de capacités langagières, mais également des différences importantes de cultures et de registres de connaissances.
À suivre : 2. Causes toujours mon coco !
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