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C’est pour cela, avec le temps, le prof dit et l’élève écoute, ou devrait écouter. Combien de profs se plaignent que les élèves ne les écoutent pas? Pourtant des études scientifiques indiquent clairement que l’écoute à la plus faible incidence sur la mémorisation et par conséquent l’apprentissage. Ici, il faut faire attention pour ne pas confondre  mémorisation et apprentissage.

Anciennement, pour plusieurs métiers, tout était affaire de tâches et d’outils. À l’école, on donnait des tâches à faire pour maîtriser l’outil. Lorsqu’un certain niveau d’habileté était atteint, l’élève était prêt à entrer sur le marché du travail. Aujourd’hui, il en va tout autrement. Le travail n’est plus l’affaire que d’utilisation d’outils à un poste de travail. Certains métiers sont axés sur la machinerie, d’autres sont axés sur l’habileté des gestes du travailleur, d’autres sont en lien avec des interactions entre des individus et finalement certains métiers sont un mélange de tout cela. Je veux dire que l’on ne peut aborder l’apprentissage d’un métier d’une façon univoque. Pour être un travailleur autonome et productif, il faut qu’il puisse comprendre le travail et choisir les pratiques, les outils et les ressources les mieux adaptés aux événements et aux circonstances d’un contexte de travail. Il faut qu’il soit en mesure de comprendre la situation de travail pour être en mesure d’exercer son métier correctement. Au lieu d’aborder le travail par la tâche, on interprète la tâche à partir du travail à faire selon la situation où elle se déroule.

Dans un cas comme dans l’autre, tout est une affaire de communication avec les élèves. Il faut qu’ils comprennent ce que l’on demande de faire et ils doivent comprendre comment le faire. Dans ce type d’échange, il peut y avoir tout un écart que l’on appelle l’interprétation. Cet écart se situe entre ce que l’on dit, ce que l’on voulait dire, ce que l’on veut qu’ils comprennent, ce que les gens ont compris, ce qu’on pense qu’ils ont compris, ce que je voulais qu’ils comprennent et ce qu’il fallait qu’ils comprennent.

Je disais à mes élèves d’utiliser la raboteuse d’épaisseur pour qu’ils comprennent le rabotage du bois, la dureté du bois, le fils du bois, l’importance de bien ajuster la coupe, etc. Eux ont compris que quand la tâche de rabotage n’était pas bien faite c’était la machine qui fonctionnait mal ou qui était mal conçue. Si l’épaisseur n’était pas bonne, ce n’était pas à cause qu’ils n’avaient pas vérifié, c’était à cause que l’indicateur de coupe était mal fait. Dans le cas où le bois faisait des éclats, ce n’était pas à cause que la coupe était trop épaisse, c’est que le moteur était trop faible.

Pour eux cela ne donnait rien d’avoir un cours sur les techniques, la compréhension des bois ou la sécurité, il s’agissait d’avoir une machine qui s’occuperait de cela. C’est difficile de pouvoir évaluer le travail des élèves quand l’échec, pour eux, est causé par l’outil qu’ils utilisent. Ma stratégie d’orienter la formation sur la production faisait fausse route. Quand vous produisez, c’est le résultat qui compte, ceci autant pour celui qui commande le travail que pour celui qui le réalise.

Lorsque le concept de compétence est arrivé, pour ceux qui ont compris le concept de manière fonctionnelle, ce fut une révolution dans la pratique de formation comme celle du travail. Ce n’était plus  la performance comme but unique de l’atteinte d’un résultat, mais la compétence où la compréhension du processus permettait de mieux atteindre le résultat et de s’adapter. À l’avenir, je n’organiserais plus la formation autour d’un produit à réaliser, mais autour des apprentissages à réaliser pour comprendre le processus.

À suivre : Une bonne note ou de bons apprentissages