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Il y a deux façons d’analyser un métier. Il peut être analysé dans le but de comprendre son fonctionnement et ses composantes, ou il peut être analysé dans le but de le faire apprendre. Ce dernier volet fait partie d’une des composantes de la didactique professionnelle.

Au début de ma carrière d’enseignant, j’ai organisé la formation pour faire réaliser le métier d’ébéniste à mes élèves. Avec le temps, j’ai changé cette approche pour privilégier le fait de faire apprendre le métier. Il y a de moins en moins de métiers que l’on peut apprendre seulement en l’exerçant. J’estime que l’utilité première de la formation est de faire gagner du temps à la personne en apprentissage. Apprendre son métier sur le tas prend beaucoup plus de temps que de l’apprendre en formation formelle pour un même niveau de compétence. À tout le moins, c’est ce qui devrait être. En développant la compétence d’une personne plus rapidement, cela permet à cette dernière d’élever son niveau de compétence plus rapidement lors de l’exercice de sa profession, donc d’être plus compétent plus rapidement. Les personnes qui ont appris sur le tas sont souvent limitées aux contextes où ils ont appris. On constate souvent ce type de drame lors de la fermeture de certaines usines encore basées sur cette façon de faire.

Le défi était de faire en sorte que l’élève arrête d’accuser les machines pour les erreurs qu’il fait et se concentre sur les apprentissages à réaliser pour apprendre le métier. Pour faire en sorte qu’une personne puisse aller à l’endroit où l’on désire, on lui fournit un itinéraire. Après quelques années, c’est ce que j’ai produit à mes élèves, un itinéraire des apprentissages à réaliser pour atteindre le métier d’ébéniste. À partir du moment où l’apprenant est conscient où il doit aller, du chemin à parcourir et des efforts à fournir, il a entre ses mains les outils pour se dépasser et pour que l’on puisse l’accompagner.

On ne peut pas accompagner un élève à apprendre quand son but est uniquement le résultat de la formation qui se limite souvent qu’à l’obtention d’un diplôme. Il voudra toujours prendre le chemin le plus court et sera constamment à la recherche de la magie ou de la vérité. La vérité étant les réponses pour les examens et la magie c’est la façon de s’approprier l’information sans trop d’effort.

La grande partie de l’itinéraire comportait des activités pour donner du sens et pour faire apprendre les savoirs nécessaires au développement de la compétence d’ébéniste. La récompense, vers la fin, était la possibilité de réaliser des produits dont ils étaient en mesure de comprendre la complexité et leur capacité à pouvoir les réaliser.

À suivre : Un chemin vers l’apprendre