Lorsque l’on m’a engagé, j’avais l’impression que je disposerais énormément de temps. Mon nouvel horaire de travail en enseignement était drôlement plus léger que celui que j’avais dans l’atelier où je travaillais. Mes semaines de travail étaient moins lourdes et le salaire était meilleur. J’étais au paradis du temps. J’avais été charmé par le chant des sirènes. Mais le réveil fut brutal. Dans mon atelier, le travail commençait le matin à mon arrivée et se terminait le soir à mon départ. Je ne savais pas qu’en enseignement j’amènerais du travail à la maison.
Mon travail n’était plus que physique, il était également mental. Physiquement, mon corps arrivait au centre de formation le matin et y partait le soir, comme dans mon ancien atelier. Mais un nouveau phénomène que je n’avais pas prévu est arrivé, le travail a suivi mon déplacement. J’arrivais à la maison en pensant à mon travail, je préparais mon repas en pensant aux activités du lendemain, je passais la soirée à préparer mes activités quand ce n’était pas des travaux à corriger. En plus, je m’endormais en réfléchissant au déroulement de la journée du lendemain et de la façon dont j’allais résoudre tel ou tel problème s’il se produisait. Je me réveillais et je me dépêchais pour arriver avant les élèves et ainsi avoir le temps de placer mon atelier et ma classe en ordre et prêt pour la journée.
Je m’étais fait avoir. Je pensais améliorer mon sort lorsque l’on m’avait dit que j’étais payé pour chaque heure de présence aux élèves. Je pensais que j’aurais plus de temps pour faire d’autres choses. Je n’avais pas calculé que pour chacune des heures de présence payée j’aurais à en consacrer deux autres sur mon temps à moi. Je venais de découvrir le sens de mot vocation. C’est peut-être pour cela que les enseignants ont tant de difficulté à gérer leur temps, ils en donnent trop. Souvent, on a le sentiment que ce que l’on donne n’a pas beaucoup de valeur. Alors, pourquoi gaspiller du temps à gérer du temps qui n’a pas de valeur ?
Je dois dire que je ne me suis pas apitoyé sur mon sort très longtemps. Une fois le constat fait, j’ai assumé, je me suis pris en main et j’ai accepté le défi. Mais je me suis dit que je ne serais pas victime de la situation, j’allais gérer la situation. Voici comment j’ai dompté la bête.
Le tout est d’être en mesure de repérer ce que je peux planifier, qu’est-ce qui peut venir perturber cette planification et quelle marge de manoeuvre je dois me donner pour gérer les perturbations. Je vous l’ai dit précédemment, il faut parfois sembler perdre du temps pour en gagner.
À suivre : La tête, le coeur et les mains.
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