J’arrivais à l’école vers 8 h le matin. Les cours débutaient à 9 heures. Le magasinier est venu me voir pour m’indiquer qu’un élève était entré dans l’atelier à 7 h et était ressorti avec un gallon de colle et il s’était rendu dans son auto. Je suis allé voir avec le magasinier si nous pouvions repérer le récipient de colle par la fenêtre de son auto. Effectivement, le gallon était sur son siège arrière. Je suis allé avertir la direction et j’ai expliqué ce qui s’était passé.
Le directeur a convoqué l’élève dans son bureau pour lui demander des explications, ce dernier lui a dit qu’il m’avait demandé s’il pouvait prendre le restant de la colle pour son usage personnel et que j’avais accepté.
La direction m’a fait venir pour me demander si c’était le cas. Je connaissais très bien cet élève, nous savions, le directeur et moi, qu’il était à l’origine des troubles en classe. Vous compreniez bien que je n’étais pas enclin à lui faire des cadeaux. En plus, il affirme devant moi que c’était le matin même à 6h30 qu’il m’avait demandé cela.
Il avait un ton tellement sincère que je me suis mis à douter de moi un instant. Cela n’avait aucun sens, je serais venu à 6h30 le matin rencontrer le dernier élève que je désirais rencontrer, pour lui faire un cadeau, c’était absurde. La rencontre s’est terminée par une suspension d’une semaine de l’élève. Mais tout ne s’arrêta pas là.
Au début de l’après-midi, l’élève arrive à l’école avec deux policiers. Il demande de rencontrer le directeur avec moi. Il nous informe qu’il avait demandé aux policiers de l’accompagner, car il avait peur de nous. Il était venu nous rapporter quatre chaises qu’il avait «empruntées» dans la réserve où les élèves déposaient leurs projets qui étaient terminés. La situation était irréaliste, les policiers accompagnent un voleur pour le protéger de ceux qu’il a volés.
C’était la fin pour cet élève. Il a été renvoyé de l’école. Nous n’avons pas porté plainte pour le vol, mais nous avons porté plainte au chef des policiers pour le rôle inconsidéré des policiers dans cette affaire. Ils ont été suspendus pour trois semaines pour manque de jugement.
Je n’ai jamais revu l’étudiant en question. Je n’ai jamais su pourquoi un si bon manipulateur avait fait une gaffe aussi stupide. Cela demeurera toujours un mystère pour moi.
L’absence de cet élève du groupe d’élève a été très bénéfique. Les élèves eux-mêmes étaient heureux. Ils m’ont informé, par la suite, l’élève en question les intimidait et qu’ils en avaient peur, pourtant c’était tous des adultes. J’en ai profité pour reprendre le contrôle de ma classe. Mes élèves n’étaient plus mes amis. Mon rôle n’était pas de les aimer, mais de leur faire apprendre un métier. Vous me direz que l’un ne va pas sans l’autre, je vous dirais que les élèves adultes ont surtout besoin d’un enseignant ou d’un formateur qui a du leadership et que ce dernier manifeste du respect envers ses élèves.
À suivre : 4. Le respect à la place de l’amitié.
Fév 01, 2014 @ 04:01:43
Les manières sournoises d’être et d’agir de cet élève manifestent à mon sens un trouble sévère et constant de la personnalité. La manipulation est destructrice, votre attitude prudente et stratégique a pu déjouer ses plans malveillants. Le fait que vous ayez été déstabilisé par ses affirmations mensongères démontrent la force de son désir de domination narcissique. Rester effectivement maître de la situation dans une formation oblige à une vigilance accrue pour « gérer », dans les limites des techniques pédagogiques, et avec psychologie, les personnes qui ont un besoin pathologique d’influencer les autres.
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