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Vous comprendrez que je ne suis pas nostalgique de cette époque où l’autorité et la discipline étaient à l’honneur. Cette situation n’a pas fait de moi un révolté et certains vous diront que cette soeur n’a pas altéré mon orgueil. À l’époque le vocabulaire était souvent limité, on confondait avoir du leadership et avoir de l’orgueil. Religion catholique oblige!

Si on est en avant, on est orgueilleux, donc un pécheur, donc un suppôt de Satan.

Je vous raconte cela pour vous indiquer pourquoi je n’ai jamais voulu être porteur de l’idée qu’il faut avoir de la discipline et de l’autorité en classe. Vous ne pouvez pas être plus fort que vingt personnes, vous ne pouvez qu’être plus astucieux. Votre astuce doit porter sur votre habileté à susciter le désir d’apprendre à vos élèves. De toute façon, on ne peut forcer quelqu’un apprendre. À la limite, on peut le forcer qu’à manifester un nombre limité de comportements que l’on aura entraînés à faire.

On pourrait forcer un élève à faire une dictée sans faute, mais on court la grande malchance d’altérer sa créativité. On peut forcer un élève à mémoriser de l’information pour un examen, mais on court également la malchance de bloquer le transfert de cette information dans des situations réelles. On peut forcer un élève à calculer, mais souvent au détriment de la résolution de problèmes.

Une efficacité avérée à court terme au détriment du développement de l’intelligence et de la compétence à long terme. J’aime mieux qu’un élève choisisse d’apprendre que de le forcer à le faire. Comme je l’ai indiqué précédemment, je ne peux être plus fort que vingt personnes dans ma classe.

L’inverse n’est pas mieux. Je ne peux être l’ami de mes élèves pas plus que leurs parents. Je suis celui à qui on a donné le rôle et le mandat de faire apprendre un objet d’apprentissage. Je suis un spécialiste de la médiation entre les apprenants et l’objet d’apprentissage.

Maintenant, je peux dire cela et être en mesure d’assumer pleinement ce rôle, peu importe le type d’apprenant qui me fait face. Ce n’était pas le cas lors de mes débuts en enseignement. J’étais comme tout le monde, convaincu de mon rôle de maître après Dieu dans ma classe.

Malheureusement, ou heureusement, je n’ai pas pu revendiquer ce rôle très longtemps. Ma classe d’adultes, où j’étais le plus jeune, ne me donnait surtout pas le rôle de maître de la classe. Tout au plus d’ébéniste jusqu’à preuve du contraire.

À suivre : 4. Le bien-fondé.