Voici un article que j’ai proposé à La Presse Plus du 19 mai 2016 , suite à un article de Lysiane Gagnon traitant des vertus de ce qui se passe ailleurs comme des bonnes idées pour valoriser la formation professionnelle et technique au Québec.
Pour revaloriser la formation professionnelle, il faut arrêter de la dévaloriser. Claude Ryan, avec sa réforme en 1986, voulait donner un nouveau souffle à cette filière de formation. De nouveaux programmes, élévation du seuil d’entrée, des enseignants mieux formés, des nouveaux centres mieux équipés, etc. Ce qui a été fait pendant un certain temps. Malheureusement, il semblerait que les bonnes choses ont de la difficulté à perdurer.
En l’absence d’un visionnaire, on perd souvent le sens de la vision et l’on s’égare. C’est ce qui se passe depuis quelques années en formation professionnelle. On utilise cette dernière pour la lutte au décrochage et pour améliorer la réussite uniquement scolaire. L’objectif de former des élèves instruits et compétents pour satisfaire, non seulement les besoins en main-d’oeuvre, mais également les besoins des personnes, est sur le point de devenir un vertueux souhait en lieu et place d’un objectif à atteindre. La réforme de Claude Ryan revient à son point d’origine.
Valoriser la formation professionnelle c’est premièrement donner de la valeur à ceux qui s’occupent de former ces futurs travailleurs. Ces personnes, qui accèdent à la profession enseignante, investissent une grande partie de leur vie à se qualifier pour enseigner pendant qu’ils enseignent. De plus, ces anciens élèves de la formation professionnelle, doivent jongler pendant plusieurs années avec la conciliation travail, études, famille en plus d’être dans l’obligation de maintenir leurs compétences dans le métier qu’ils exerçaient.
Pendant qu’ils se forment, à développer leurs compétences en enseignement, ils doivent souvent gérer des élèves qui n’ont pas les préalables fonctionnels pour apprendre les métiers auxquels on les dirige.
Cette façon de faire, qui se répand de plus en plus, change la mission de la formation professionnelle. Les enseignants ne concentrent plus leurs efforts à faire apprendre un métier. Ils consacrent leurs énergies à la gestion d’élèves auxquels ils n’ont pas été et ne seront pas formés à aider. Les enseignants et les responsables des centres de formation devraient consacrer leurs compétences et leurs ressources à favoriser le développement des compétences des élèves pour exercer un métier qu’ils auront choisi par goût et non par dépit.
Les milieux de formation sont surtout préoccupés à diminuer les statistiques du décrochage et d’augmenter les statistiques de l’obtention d’un diplôme, au détriment des compétences professionnelles à faire développer.
Nous sommes loin des efforts déployés par l’Allemagne et la France. La valorisation ou la revalorisation de la formation professionnelle passe nécessairement par le respect, des décideurs en enseignements, envers ceux qui veulent simplement former des citoyens compétents et polyvalents. Ils sont formés dans ce sens et c’est ce qu’ils peuvent faire, c’est-à-dire enseigner un métier à des personnes qui ont choisi, par affinité et goût, de l’exercer.
En évitant de confondre le but de la formation professionnelle, on évitera de mélanger ceux qui y oeuvrent et nous pourrons ainsi, sans copier personne, être aussi bons que les autres pays. Il ne faut pas dupliquer ce qui se fait ailleurs, il faut simplement bien faire ce que nous avons à faire ici.
Juin 27, 2016 @ 10:42:06
Bonjour,
il est vrai qu’afin de revaloriser la formation professionnelle, les médias auraient avantage à suivre les olympiades de la formation professionnelle. Quelle belle vitrine synonyme de « compétence ».
Il faut avouer que les technicités employées dans ces compétitions sont d’une très grande précision versus les savoir-faire réels des métiers, mais il faut tout de même souligner les thématiques inventées et produites afin que les jeunes exécutent des travaux manuels sur un thème original et attirant pour tous les jeunes visiteurs à la recherche de leur futur métier!
Un bel exemple de revalorisation en formation professionnelle!
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