Lorsque j’ai débuté en enseignement, le moyen didactique le plus répandu était l’acétate. Cette petite pellicule de cellulose était l’objet de prédilection pour donner un cours. Avec un bon photocopieur et de bons marqueurs, nous pouvions y représenter l’objet de notre formation convaincu d’être à la pointe de la technologie avec notre rétroprojecteur, qui selon sa puissance permettait aux élèves de s’assoupir dans l’obscurité.
De nos jours, avec l’avènement des technologies de l’information et des communications nous pensons que nous évoluons. Nous sommes passé de l’acétate aux logiciels idéateurs dont les plus répandus sont le PowerPoint, pour le PC, ou Keynote, pour le Mac. Le grand impact fût de pouvoir augmenter la quantité des pages de la projection sans augmenter les coûts de réalisation. Nous avions avant de cinq à dix acétates, maintenant nous avons vingt à vingt-cinq pages de projections pour le même prix et pourquoi pas quarante. Voilà la grande innovation, de lire dix acétates, que l’élève écoute avec passivité, à lire vingt écrans de PowerPoint, où l’élève écoute avec la même passivité. Nous avons ainsi avancé en arrière. Ce qu’il faut mesurer ce n’est pas la technologie, mais l’effet de la technologie sur le processus d’apprentissage de l’apprenant.
J’ai l’occasion, dans le monde universitaire, à assister à des conférences, des cours par mes pairs, des travaux de mes étudiants où les présentations «PowerPoint» sont largement utilisées, il faut bien faire avec son temps. De façon générale ces présentations son toujours uniformes et sans originalitées, sans compter que son utilisateur est rarement à l’aise avec la manipulation du logiciel, quand ce n’est pas carrément avec l’ordinateur. Je me demande toujours qu’est-ce qui se serait passé si lors de l’invention de la télévision nous avions pris seulement les émissions de la radio que nous aurions rediffusées à la télévision. Nous aurions trouvé que l’espace-écran de ce nouvel appareil était très inutile. Il est clair qu’avec l’avènement d’un nouveau média il faut une nouvelle présentation de l’information en cohérence avec le but de son utilisation.
Vous me direz que cela va venir avec le temps, mais cela fait environ vingt ans qu’a débuté l’avènement des TIC, que nous appelions les NTIC à l’époque. Je ne trouve pas que cela évolue suffisamment pour espérer un jour avoir des présentations, de façon générale, à la hauteur du média et des attentes sur les apprentissages.
Ce n’est pas un cours sur le logiciel qu’il faut donner aux enseignants, mais sur la construction de représentations. Un logiciel de présentation n’a pas à être utilisé pour présenter des textes, mais pour présenter des idées, d’où son nom d’idéateur. Les idéateurs sont des outils de présentation d’aides à penser où nous devons l’utiliser ou demander à l’apprenant de l’utiliser pour présenter où construire sa représentation des idées présentées.
La compétence, et ici le mot n’est pas trop fort car nous ne parlons pas d’habileté ou de capacité, à faire développer aux enseignants est d’être en mesure de construire des représentations des informations qu’ils désirent, non pas communiquer, mais aider l’apprenant à apprendre.
Avancez en arrière : de l’acéplatte au PowerPlatte
Mai 28, 2010 @ 14:02:32
Mai 20, 2010 @ 08:46:48
Merci pour ce billet court et incisif. Formatrice, je me dis souvent qu’il serait plus simple de nous greffer une puce sous la peau, contenant à la fois le logiciel et le vidéoprojecteur, que nous activerions en entrant en cours, plutôt que de nous contraindre à trimballer tout le matériel 🙂
Construire les représentations, c’est effectivement de cela dont il s’agit. Un bon blogue en anglais fournit de bonnes idées : http://www.presentationzen.blogs.com/ à ceux qui n’ont pas la chance de suivre vos ateliers…
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Avancez en arrière : de l’acéplatte au PowerPlatte « Didactique professionnelle « Blog de Steve Prud'Homme
Mai 19, 2010 @ 12:56:21