Changer de modalité de formation implique un certain nombre de changements, mais lesquels?
François Osuirak (2016) reflète bien ce que je suis en train de mettre en oeuvre. Il indique, à juste titre, que ce qui guide le geste c’est sa finalité. Cette position résume bien la démarche que j’ai mise en place pour contrôler ce qui allait se passer dans ma modalité hybride où mes apprenants seraient à distance six séances sur les quinze de mon cours.
Traditionnellement, l’enseignement que l’on organise est composé de notions à transmettre, de démonstration à réaliser et de pratiques à faire réaliser. Pour m’assurer d’arriver à mes fins, c’est à dire de faire atteindre les objectifs de la formation à mes apprenants, j’ai du penser autrement ma formation.
J’ai voulu considérer la cohérence entre mon programme par compétence, l’approche par compétences, les caractéristiques de mes apprenants, les apprentissages à faire réaliser, les formules pédagogiques, les ressources et les stratégies didactiques, l’environnement de formation, le processus d’apprentissage et le développement de la compétence en didactique de mes apprenants.
Je dis toujours à mes étudiants que le rôle d’un enseignant n’est pas de transmettre des informations, mais de les faire apprendre. La transmission étant le rendement le plus faible pour les apprentissages, j’ai choisi d’éliminer ce volet de la formation pour consacrer le travail, durant les séances en présence, sur la réflexion et à la construction de liens entre ce que mes apprenants devaient faire et ce que je voulais leur faire apprendre.
Les séances en présence ont été conçues pour amener les apprenants à se questionner et celles à distance pour réaliser des travaux qui les amèneront à chercher les réponses aux questions qu’ils se poseront. Si la finalité guide le geste, il fallait déterminer cette finalité.
J’ai conçu un itinéraire des apprentissages qui comportent douze activités à réaliser, sur lesquels porte l’évaluation des apprentissages réalisée. Ces douze tâches à faire constituant la finalité de mon cours. Les tâches sont regroupées en trois thématiques qui constituent le corps de la didactique professionnelle que je veux leur faire comprendre et appliquer.
- L’interprétation de l’objet de formation.
- Les représentations de l’objet de formation.
- La planification de la formation.
La colonne vertébrale de la formation n’était plus les connaissances à acquérir, mais le travail à faire qui nécessiterait l’acquisition de ces connaissances pour être en mesure de réaliser les tâches d’enseignement liées aux outils didactiques qu’ils devaient produire.
Les séances en présence servent à se questionner, les séances à distance servent à réaliser les activités, il restait à rendre accessibles les ressources pour aider à la recherche des réponses que mes apprenants devraient se poser.
C’est alors que les technologies de l’information trouvent leurs pertinences. Les apprenants disposent d’un site où ils retrouvent des séquences vidéos sur les concepts en didactiques, des textes de références, des présentations qui expliquent le travail à faire et, le plus important, des forums pour échanger. J’ai mis en place deux types de forums. Le premier est ouvert en permanence où les apprenants peuvent venir y poser toutes les questions qu’ils désirent. Les autres étudiants et moi-même y amenons les réponses et les réflexions. Un deuxième forum est ouvert lors des séances à distance. Ce forum traite du travail spécifique qu’ils réalisent.
Toutes ces considérations ont amené son lot de changements par rapport à la formation magistrale :
- Recadrer les informations à faire acquérir;
- Produire des ressources pour l’acquisition de ces informations;
- Planifier la formation au regard de l’action à réaliser;
- Organiser les séances en présence orientées vers l’exploration et le questionnement;
- Organiser le travail à distance pour obliger les apprenants à exploiter cette période;
- Formaliser l’itinéraire des apprentissages;
- Alimenter le site des ressources nécessaires pour les recherches des apprenants;
- Corriger les travaux rapidement pour guider les apprenants.
À suivre … « Quels sont les éléments critiques à gérer ».
Mar 03, 2017 @ 14:35:23
Bonjour, M. Boudreau, très intéressant. Un collègue a moi me fait le commentaire suivant : il me dit être désolé de voir encore ces données sur la rétention de l’information… ce modèle aurait été réfuté par de nombreux chercheurs, par exemple : http://www.willatworklearning.com/2015/01/mythical-retention-data-the-corrupted-cone.html
https://sites.google.com/site/thecorruptedconeoflearning/. J’aurais aimé avoir votre opinion sur cela… qu’en pensez-vous ?
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Mar 03, 2017 @ 16:14:08
Tout est dans la manière d’utiliser ces informations, de la posture de celui qui les utilise et du contexte où cela sera utilisé. Je donne toujours l’avertissement que cette pyramide ne traite que de la rétention de l’information. Il ne faut pas confondre apprentissage et mémorisation, pas plus que de développement de compétences. Il ne s’agit pas de chercher des vérités, mais d’amener les gens à se questionner sur les façons d’enseigner, de faire apprendre et de faire développer la compétence des personnes. Un enseignant qui est certains de ce qu’il fait n’est pas un enseignant compétent. Un enseignant compétent adapte ses pratiques à ce qui se passe dans sa classe. Il ne faut pas oublier que ce sont des humains qui sont devant nous, et il faut le souhaiter, ils sont tous différents. Je ne m’obstinerai pas sur les arguments des « réfuteurs », c’est un débat théorique et stérile, en ce qui me concerne. Si on veut faire apprendre, il faut placer les gens en action. Si l’on veut faire développer une compétence, il faut les placer en situation. Je n’ai pas de chiffre à fournir, car il faudrait commencer par le faire pour être en mesure d’en constater l’efficacité. On ne peut pas démontrer l’efficacité d’une pratique qui n’a pas été faite.
Je suis à expérimenter mes idées dans l’organisation d’une formation hybride pour mon cours de didactique. Comme vous avez pu le lire dans mon blogue. Je constate que les résultats de mes étudiants se sont nettement améliorés, la quantité des productions qu’ils font est nettement supérieure à l’époque où vous avez suivi mes cours et la qualité également. Mes étudiants manifestent des compétences en didactique de la formation professionnelle à un niveau nettement supérieur à ce que j’essayais de faire antérieurement.
Je ne dis pas que les chiffres de la pyramide sont véridiques. De toute façon, que veulent dire les données quantitatives en éducation? En ce qui me concerne, c’est une quête digne de l’alchimie. La recherche scientifique en éducation, en ce qui me concerne, ne doit pas avoir pour objectif de trouver, mais de comprendre.
Si l’on se fit qu’aux données probantes, comment allons-nous faire pour expérimenter de la nouveauté? Je dirais même que les données probantes sont des lanternes qui nous éclairent dans le dos.
Il faut ici tenir compte que je traite de la formation professionnelle. Plusieurs auteurs cherchent à démontrer que l’enseignement traditionnel a encore des valeurs que nous avons abandonnées. Je ne suis pas de cette nostalgie et je souhaite bonne chance à ceux qui veulent réveiller les morts ou sont des ardents défenseurs du changement sans changement. En ce qui a trait à la formation professionnelle, je souhaite bonne chance pour les données probantes. Il n’y a aucun fonds de recherche pour mon champ de recherche. Je dois payer mes propres recherches. Je laisse les données probantes à mes successeurs. Une chose est certaine, les pratiques d’enseignement en formation professionnelle ont à être imaginées, construites et développées. Une large partie de ce qui existe vient de pratiques de la formation générale qui sont inadaptées pour l’enseignement et l’apprentissage d’un métier ou d’une profession.
Je ne me battrai pas pour des chiffres de données théoriques. J’aime mieux la recherche-action et d’expérimenter ce qui peut améliorer les apprentissages en formation professionnelle et la fonction enseignante. Je laisse aux autres les batailles de chiffres et les guerres de chapelles.
Merci pour votre commentaire.
Je suis désolé d’avoir choqué votre collègue dans ses lectures.
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Mar 01, 2017 @ 20:52:30
Bonsoir
Je vous présente M. Boudrault ms vifs remerciements.
La table pour développer la compétence que vous avez mise en haut, Peut-on l’adopter dans un contexte purement scolaire? Avec des élèves du primaire par exemple. Si oui, quelles sont les amendements qui s’avèrent nécessaire à y ajouter?
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Mar 02, 2017 @ 16:30:57
Je ferais cela avec grande prudence. Je travaille pour le développement des compétences professionnelles. Ce qui distingue, à mon avis, la formation générale de la formation professionnelle c’est le contexte. Ce contexte est rassembleur pour ceux qui suivent la formation professionnelle et offre un point de repère commun aux apprentissages à faire réaliser. C’est plus difficile de trouver, en formation générale, ce point commun. Vous formez des enfants selon un référentiel social. Les apprenants en formation professionnelle sont formés selon un référentiel professionnel qui est défini dans une analyse de situation de travail. Il n’y a pas d’analyse de situation sociale pour pouvoir se référer. Je ne suis pas certain que ce serait souhaitable d’ailleurs.
Si vous pouvez vous inspirer de certains éléments de la table, tant mieux, mais tenez compte de mon avertissement.
Merci de votre intérêt pour mon travail.
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