Je suis arrivé en enseignement par accident, j’ai continué par intérêt et j’y ai fait ma carrière par passion. Vous m’auriez dit en 1978 que je passerais la balance de ma vie professionnelle dans le domaine de la formation professionnelle, je vous aurais dit que vous étiez dans les patates. On ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve. Mon père me l’avait pourtant dit, il n’y a rien de plus permanent que les choses temporaires. Il a fait le même travail toute sa vie et pourtant, il avait été engagé en attendant que les gens trouvent mieux. J’ai toujours eu comme attitude, par rapport au changement et à la nouveauté, de faire confiance à l’avenir. Il ne faut pas toujours attendre de tout contrôler et d’avoir toutes les réponses avant de s’engager dans le changement. La dynamique du changement apporte ses propres solutions. Il faut avoir confiance en nos capacités et à la situation nouvelle.
Si nous ne laissons pas de place aux choses nouvelles, nous sommes condamnés à revivre le passé. Ma première année d’enseignement a été déterminante. La majorité des situations que j’ai évoquées dans mes textes précédents ont été vécues durant cette année. C’est lorsque j’ai fait le bilan de cette année que je me suis dit que je ne pouvais pas avoir vécu tout cela et persisté pour rien. J’avais la conviction que le pire était derrière moi. Effectivement, je n’ai plus jamais vécu ce genre de situation, à tout le moins leur intensité.
Je me plais à croire que ce ne fût pas un hasard et que les leçons que j’en avais tirées, les études que j’avais entreprises et mes recherches ont donné des résultats. J’enseigne encore et j’adore cela. J’aime me placer en péril dans des situations de formation hasardeuses, que personne ne voudrait vivre, seulement pour le défi. J’aime ceux qui ont de la difficulté ou ceux qui ne veulent pas apprendre. Pour moi, c’est un nouveau défi à relever. C’est dans ces moments où j’ai le plus de plaisir à faire apprendre. Je dis souvent, « donnez-moi un contenu difficile à apprendre, des personnes qui ne veulent pas l’apprendre et je vais m’amuser » .
Il me semble que ce qui devrait stimuler un enseignant c’est d’être allumé par des élèves qui sont presque éteints. Comment voulez-vous pouvoir allumer la flamme de vos élèves lorsque vous êtes vous-même éteint? Il faut être alimenté par une plus grande passion que celle de vouloir transmettre son expertise. Il faut avoir la passion de faire apprendre ce que vous savez. L’un n’est pas le synonyme de l’autre.
Un radio ou une télévision sont les récepteurs d’une transmission d’informations. Les participants à une formation ne sont pas des radios ou des télés. Il me semble qu’un prof est plus qu’un transmetteur. Ce concept de transmission était vrai à l’époque où les livres et le papier n’étaient pas disponibles pour tous. C’est pour cela qu’à cette époque le professeur lisait des livres aux étudiants. L’étudiant mémorisait la lecture du maître. En 2014, il y a encore des professeurs et des formateurs, qui lisent leur Power-Point aux étudiants. Des fois, plus ça change et plus c’est pareil. Sauf qu’aujourd’hui, l’étudiant a les moyens de s’approprier, ailleurs qu’en classe, le pseudo-savoir du prof. À quoi sert le prof quand il n’est qu’un transmetteur? L’étudiant est en droit de se le demander. L’enseignant et le formateur sont des médiateurs entre l’objet à faire apprendre et celui qui doit l’apprendre. Je parle ici comme didacticien. Si je vous parlais comme un pédagogue, je vous dirais que l’enseignant et le formateur sont des médiateurs entre celui qui doit apprendre et l’objet à apprendre. Analysez bien cette nuance!
Tout cela pour dire qu’il faudrait percevoir la formation, l’apprentissage et l’enseignement, sous un jour nouveau. Il ne faut pas croire que tout ce que nous avons fait est mauvais, mais plutôt que les choses ont évolué et que l’on doit évoluer également dans nos pratiques.
À suivre : 2. Qui peut, veut!
Sep 23, 2014 @ 17:33:56
‘ Il faut avoir confiance en nos capacités et à la situation nouvelle ‘
vous n’êtes pas le seul à avoir vécu cette expérience c’est aussi la mienne et voila je vais commencer mon stage d’inspectrice de formation dans quelque jours après 15 ans autant que professeur dans la formation professionnelle.
je suis convaincu qu’il faut avoir de grand rêve et aller droit devant pour les réaliser.
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Sep 22, 2014 @ 02:27:22
Cher collègue, cher Henri, vous n’êtes pas le seul à avoir vécu cela, et vous avez raison dans l’analyse que vous proposez!
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